Les autorités italiennes ont demandé l'extradition de Marco Furfaro, soupçonné d'avoir aidé un chef repenti de la Mafia italienne lors de sa cavale en Corse. Une audience a eu lieu ce mercredi 11 décembre devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bastia dans le cadre de l'examen de cette extradition. La décision sera rendue demain.
Marco Furfaro, n'a a priori pas le profil d'un homme qui pourrait intéresser la justice italienne pour des faits de mafia. Pépiniériste et ex-candidat indépendantiste aux municipales de Lucciana (Haute-Corse), il se retrouve pourtant mêlé à plusieurs affaires. En France, mais aussi en Italie.
Dans un premier temps, il lui est reproché d'avoir apporté une aide à une organisation criminelle mafieuse. Le Luccianais aurait apporté une assistance à Marco Raduano, chef de la "Società Foggiana", un groupe mafieux actif dans la province italienne de Foggia, dans les Pouilles. Marco Raduano s'était évadé de prison en 2023 et avait été interpellé à Aleria, le 1er février dernier, après plusieurs mois de cavale.
Marco Furfaro est justement accusé d'avoir aidé l'italien lors de sa cavale, en le transportant de la Sardaigne à la Corse. Il l'aurait hébergé à Lucciana, dans sa pépinière.
Demande d'extradition
En début de semaine, les autorités italiennes ont donc demandé une extradition, fortement contestée par le Corse Marco Furfaro. C'est la raison pour laquelle ce mercredi 11 décembre, une audience s'est tenue dans la matinée devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bastia dans le cadre de l'examen de cette extradition.
Alors qu'il était entendu dans le cadre une autre affaire, Marco Furfaro s’était vu notifier il y a deux jours, un mandat d’arrêt européen émis par le tribunal de Cagliari en Sardaigne (ouest de l'Italie) du chef "d’aide à un criminel aggravée par l’objectif de faciliter l’activité d’une organisation criminelle mafieuse". Le Corse avait été écroué en attente de son extradition.
Mandat d’arrêt européen
Lors de son audience, ce mercredi, son avocat Maître Marc-Antoine Luca, a indiqué craindre pour la santé de son client en Italie. Il demande que Marco Furfaro soit jugé en France, pour les faits qui lui sont reprochés sur le territoire français et a proposé également la possibilité que son client soit entendu par visioconférence par les autorités italiennes, "ou entendu par les autorités françaises en collaboration avec celles italiennes".
En réponse, l'avocat général a insisté sur la "sécurité dans les prisons italiennes", et "l'officialité du dispositif du mandat d'arrêt européen". Il a rappelé qu'une "partie des faits reprochés à Marco Furfaro ont eu lieu en Sardaigne" et qu'il convient qu'il soit à disposition des autorités italiennes.
La décision sera rendue ce jeudi 12 décembre.
Coopération franco-italienne
Le nom de Marco Furfaro est récemment apparu, par ailleurs, dans une autre enquête criminelle, celle de l'assassinat de Paul-Felix Paoli, survenu le 24 août 2023.
Le 4 décembre dernier, il a été placé en garde à vue avec trois autres personnes, dans le cadre de cette affaire. Les quatre hommes avaient été interpellés par la police judiciaire de Bastia et la section de recherches de la gendarmerie de Corse.
À la suite de cette garde à vue, le pépiniériste de Lucciana, n'avait pas été mis en examen, à l'inverse des trois autres. Stéphane Angelotti, Jérôme Reggeti et Cédric Courbey, eux, ont été mis en examen et incarcérés pour "meurtre en bande organisée" et "association de malfaiteurs" dans le cadre des investigations menées par la Jirs (juridiction interrégionale spécialisée) de Marseille. Ces trois hommes sont présentés comme des proches de Charles Pieri.
En parallèle, plusieurs personnes ont été arrêtées en Italie dans ce même dossier. "Il s'agit d'une opération coordonnée franco-italienne qui a démarré avec l'interpellation de 14 personnes en Italie la semaine dernière", a précisé auprès de l'AFP, Nicolas Bessone, procureur de Marseille.
Un chef repenti de la Mafia
Derrière ces investigations : les révélations de l'italien Marco Raduano, le chef du groupe mafieux "Società Foggiana".
Après son interpellation à Aleria en février dernier, il avait été livré aux autorités italiennes. L'homme a rapidement accepté de devenir collaborateur de justice. Et ce sont justement ses déclarations qui auraient permis à l'enquête autour de l'assassinat de Paul-Félix Paoli de connaître une avancée significative.