Arrêté "anti-burkini" de Sisco : le rapporteur public demande la validation

Le rapporteur public de la cour administrative d'appel de Marseille a demandé ce lundi 19 juin la validation de l'arrêté "anti-burkini" signé le 16 août 2016 par le maire de Sisco, à la suite d'une altercation sur une plage, entre trois familles corses d'origine marocaine et des villageois.

La cour, qui devrait rendre sa décision le 3 juillet, était saisie d'un appel de la Ligue des droits de l'homme contre un jugement du tribunal administratif de Bastia qui, le 26 janvier, avait validé cet arrêté.

"La présence sur la plage de burkini ayant été perçue comme l'étincelle qui a mis le feu aux poudres, le tribunal a estimé que la présence sur une plage de cette commune d'une femme portant un tel costume de bain aurait été de nature à générer des risques avérés d'atteinte à l'ordre public", indiquait le tribunal administratif de Bastia dans un communiqué.

Le maire de Sisco, Ange-Pierre Vivoni, se félicite de cette position : "Le rapporteur nous a donné une fois encore raison. C'est sans ambiguïté aucune, je ne devais pas l'abroger. Mais c'est une histoire à épisode. C'est la 4e fois que nous sommes devant les tribunaux, j'aimerai que cela se finisse."


Le rapporteur public Michaël Revert a considéré que la rixe du 13 août ayant occasionné l'incendie de trois véhicules et nécessité le renfort d'une centaine de policiers et gendarmes pouvait être analysée comme un trouble à l'ordre public "établi" qu'il appartient au maire de prévenir.

"Le maire n'avait ni à retirer ni à abroger cette mesure" a-t-il ajouté.

Même si la cour administrative d'appel de Marseille suivait son rapporteur public, le maire de Sisco affirme qu'il pourrait aller devant la Cour de justice de l'Union européenne si la Ligue des droits de l'homme continue son combat judiciaire.

La justice a condamné les principaux protagonistes de cette rixe à des peines allant de six mois de prison avec sursis à deux ans ferme.

Mais elle n'a pas établi son origine, M. Revert a évoqué l'existence de témoignages qui démontrent "le port de tenues proches du hijab" et "le déclenchement des incidents venant du fait que des photographies étaient faites par des touristes".

"Je crains les provocations"



Ange-Pierre Vivoni craint le contexte estival : "Des médias nationaux en parlent encore, cela peut avoir des répercussions. Sisco peut devenir une commune symbole avec des gens pour et d'autres contre l'arrêté anti-burkini".

Or, s'il aimerait "tourner la page", il ne le peut pas. "Je reçois des lettres de menace comme des lettres de soutien. Il y a deux mois, des Sikhs [religion proche de l'hindouisme, NDLR] venus de Paris sont allés voir la plage. Cela m'inquiète, car il y a beaucoup de tensions."

Après la décision du tribunal, qui devrait être rendue le 3 juillet, il réunira son conseil municipal pour savoir s'il reprendra un arrêté anti-burkini : "Je n'avais pas envie de prendre un arrêté spécifiquement contre le burkini, mais il y a eu une rixe."

Et de conclure : "J'avais peur de la provocation, pas de la religion, et j'en ai encore peur."

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