Les 233.988 électeurs corses votent ce dimanche pour choisir les 63 élus de la nouvelle collectivité territoriale unique qui naîtra le 1er janvier de la fusion des trois instances départementales et régionale et qui devrait, sauf énorme surprise, être dominée par les nationalistes.
Les bureaux de vote sont ouverts jusqu'à 18h avec des résultats attendus en soirée.
Fort de son score triomphal du premier tour (45,36% des suffrages exprimés), la liste Pè a Corsica (Pour la Corse) emmenée par l'autonomiste Gilles Simeoni et formée avec les indépendantistes de Jean-Guy Talamoni est en position de conforter son score, notamment grâce au probable transfert de l'essentiel des 6,69% des voix obtenues par le petit parti indépendantiste U Rinnovu au premier tour.
Si le Rinnovu a refusé de négocier un rapprochement avec Pè a Corsica et n'a pas donné de consignes de vote, Paul-Felix Benedetti, sa tête de liste, s'est félicité au soir du premier tour que "les nationalistes dans leur globalité aient obtenu la majorité absolue". Il a également dit qu'à titre personnel, il voterait pour la liste de Pè a Corsica.
Pè a Corsica devrait également bénéficier de la prime au vainqueur prévue par ce scrutin à la proportionnelle, soit 11 sièges attribués à la liste arrivée en tête au second tour.
Les trois autres listes en course pour ce second tour des territoriales sont arrivées loin derrière au premier tour: celle de la droite régionaliste de Jean-Martin Mondoloni a obtenu 14,97% des voix devant celle soutenue par Les Républicains emmenée par Valérie Bozzi (12,77%) et celle du parti présidentiel d'Emmanuel Macron, la République en Marche, emmenée par Jean-Charles Orsucci (11,26%).
Lors d'une conférence de presse jeudi, Jean-Martin Mondoloni a appelé à la mobilisation des électeurs. "50 % du corps électoral ne s'est pas déplacé dimanche dernier. Indéniablement le programme des nationalistes ne les a pas convaincu. Cependant le danger d'un pouvoir absolu pouvant devenir totalitaire est une réalité", a-t-il indiqué.
"Davantage d'autonomie"
Si la question de l'indépendance n'est pas à l'ordre du jour, la coalition nationaliste espère bien pouvoir avancer en cas de victoire sur ses trois revendications-clés: amnistie pour les "prisonniers politiques", co-officialité de la langue corse et statut de résident, pour combattre, selon les nationalistes, la spéculation immobilière sur l'Île de Beauté."L'indépendantisme est dans l'imaginaire collectif mais la volonté actuelle des Corses est d'avoir davantage d'autonomie", a assuré Thierry Dominici, spécialiste de la Corse à l'Université de Bordeaux.
A cet égard, les "natios", qui visent l'obtention d'un véritable statut d'autonomie dans les trois ans et sa mise en oeuvre effective dans les 10 ans, attendent déjà de pied ferme la réponse de l'Etat.
"Le gouvernement travaillera avec l'exécutif qui aura été choisi par les électeurs corses", a sobrement commenté lundi le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.
"C'est certainement l'élection la plus importante que la Corse ait jamais connue", a pour sa part estimé mercredi, lors d'un débat sur France 3 Corse ViaStella, Valérie Bozzi, à la tête de la liste de droite soutenue par le parti Les Républicains.
Après un premier tour marqué par une abstention forte (47,83%), elle a appelé les 111.905 Corses inscrits sur les listes et restés chez eux dimanche dernier à ne pas bouder les urnes cette fois-ci.
Le scrutin va donner naissance en janvier à une Collectivité territoriale unique, une première en France métropolitaine, à la place des deux conseils départementaux et de la Collectivité territoriale (région). Ses 63 élus n'auront qu'un mandat de trois ans et demi, jusqu'en 2021, date des prochaines élections régionales.