Justice : 17 personnes renvoyées devant les assises pour le double assassinat de Poretta

Deux juges d’instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille ont décidé de renvoyer dix-sept personnes devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône pour le double homicide de Bastia-Poretta en 2017. Les avocats de la défense ont interjeté appel de l'ordonnance de mise en accusation.

Dix-sept personnes sont censées comparaître devant la justice pour le double assassinat de l'aéroport de Bastia-Poretta.

Selon le journal Le Monde, qui a pu consulter l'ordonnance de mise en accusation datant du 30 mai, elles sont toutes renvoyées devant les assises des Bouches-du-Rhône et suspectées d’être en lien avec ce double homicide commis le 5 décembre 2017.

Ce jour-là, dans la matinée, Antoine Quilichini et Jean-Luc Codaccioni sont victimes des balles d'un tueur sur le parvis de l'aérogare de Poretta. Tous deux fichés au grand banditisme, ils sont mortellement touchés. Antoine dit "Tony" Quilichini décèdera sur place ; Jean-Luc Codaccioni succombera à ses graves blessures une semaine plus tard à l'hôpital.

Les deux magistrats de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille en charge de l'enquête identifient, selon Le Monde, sept auteurs et complices de ce double assassinat. Dix autres personnes, dont la loyauté est qualifiée "d'indéfectible" par les juges d'instruction, sont soupçonnées d’avoir apporté leur aide. Elles seront jugées pour "association de malfaiteurs".

La défense des accusés conteste les faits reprochés et a interjeté appel de cette ordonnance de mise en accusation. La Chambre de l’instruction, qui examinera l’appel, dispose d'un délai de quatre mois pour rendre sa décision. 

Le mobile de la vengeance

L'enquête de police avait permis de remonter jusqu'à Christophe et Richard Guazzelli. Tous deux sont les fils de Francis Guazzelli, assassiné en novembre 2009 et considéré comme un membre fondateur du gang de la Brise de mer.

Selon les enquêteurs, le double assassinat de Poretta aurait pour mobile la vengeance des proches de Francis Guazzelli contre ceux de Richard Casanova. Ce dernier avait été assassiné en avril 2008 à Porto-Vecchio, vraisemblablement dans le cadre d'une guerre intestine au sein de la Brise de mer.

Pour l'accusation, qui se base sur des écoutes téléphoniques et des échanges de messages de type "textos", Christophe Guazzelli apparaît comme celui qui aurait voulu venger la mort de son père.

Mis en examen en juin 2018 avec son frère aîné Richard, il a toujours gardé le silence au cours d'une instruction où les policiers étaient parvenus à décrypter les messages du groupe en "craquant" les téléphones PGP, pourtant réputés indéchiffrables.

Gardienne de prison au centre pénitentiaire de Borgo, Cathy Sénéchal est également renvoyée devant les assises pour "assassinat" et "corruption". Le jour du double meurtre, elle aurait, selon les juges, permis au tueur d'identifier "Tony" Quilichini et Jean-Luc Codaccioni en leur disant bonjour. 

Selon l’accusation, elle connaissait les deux hommes : "Tony" Quilichini avait été libéré de Borgo quinze jours avant la fusillade alors que Jean-Luc Codaccioni était en permission et devait regagner sa cellule le jour même.

Trafic de stupéfiants

Si les enquêteurs de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) d'Ajaccio avaient pu remonter rapidement jusqu'aux frères Guazzelli, c'est parce qu'ils les surveillaient depuis de longs mois dans le cadre d'une autre enquête visant un trafic de stupéfiants entre la Corse, Marseille et l’Espagne.

Les policiers s'étaient focalisés sur un véhicule Wolkswagen Golf de couleur noire, signalé volé à Bastia en juillet 2017. Présente lors des filatures en Haute-Corse concernant cette affaire de drogue, cette même voiture sera retrouvée calcinée sur la commune de Piedicroce deux heures après le double homicide de Poretta.

Plusieurs des accusés renvoyés aux assises pour ces deux assassinats seront d’ailleurs jugés dans ce dossier de stupéfiants à partir du lundi 13 juin devant le tribunal correctionnel de Marseille.

Pour les magistrats de la Jirs, "les revenus tirés du trafic de stupéfiants devaient notamment permettre le financement de la mise en fuite des personnes concernées par la commission des assassinats passés ou projetés" .

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