Quatrième et dernière journée du procès de l'affaire "Maxime Beux", ce vendredi 7 octobre, devant la cour d'assises de la Marne. Dernière à prendre la parole, la défense a plaidé l'acquittement pour Christophe Mercier, policier accusé d'avoir éborgné le supporter bastiais, le soir du 13 février 2016 à Reims.
"Je vous assure que ne pas condamner Christophe Mercier est parfaitement légal." Face aux jurés, Me Nicolas Brazy, avocat du policier accusé d'avoir éborgné Maxime Beux, se veut catégorique.
La matinée de ce vendredi 7 octobre a été consacrée aux plaidoiries de la partie civile, durant lesquelles les avocats du Corse ont appelé tour à tour à une condamnation "pour soulager sa peine", "pour les six ans d'enfer" vécus, et aux réquisitions de l'avocat général - deux ans d'emprisonnement avec sursis, bien en deçà des jusqu'aux 15 ans fermes encourus pour violences volontaires avec une arme ayant entraîné une infirmité permanente -.
Dernière à prendre la parole cet après-midi, dans ce procès démarré le 3 octobre dernier devant la cour d'assises de la Marne, la défense veut convaincre. Convaincre que Christophe Mercier était dans son bon droit, ce 13 février 2016, de faire usage de sa matraque lors de l'interpellation de Maxime Beux.
Un contexte "de guerre urbaine"
Me Nicolas Brazy pointe le contexte délicat de la soirée, ces heurts violents entre supporters bastiais et forces de l'ordre. "La police a fait son travail comme elle le pouvait dans un contexte, j'exagère un peu, de guerre urbaine."
Climat qui explique au moins en partie, poursuit l'avocat, les défauts de précision, voire les contradictions, qui ont pu être relevés dans les différents procès-verbaux de Christophe Mercier, au fil des années.
"Ce soir-là, il y a eu un ordre d'interpellation suivi d'une riposte des supporters, reprend-t-il. Maxime Beux était dans ce groupe de supporters. Maxime Beux a donc riposté."
Et plus que simplement riposter, pour la défense, témoignages de plusieurs policiers - mais pas de tous ceux présents ce soir-là - à l'appui, Maxime Beux était le 13 février 2016 un meneur, ou pour du moins était bien membre du groupe de supporters bastiais "particulièrement hostiles".
Est ce qu’a ce moment là Christophe Mercier a eu raison d’utiliser son bâton de défense ? Je vous réponds 3 fois oui.
Me Nicolas Brazy
"Est ce qu’à ce moment-là Christophe Mercier a eu raison d’utiliser son bâton de défense ?, questionne Me Nicolas Brazy. Je vous réponds 3 fois oui. Parce que les supporters ne se laissaient pas interpeller, parce qu’ils avaient commis de nombreux délits tout au long de la journée."
L'avocat termine : selon lui, le policier "a parfaitement respecté la loi ce jour-là. Alors, souffle-t-il aux jurés, vous acquitterez monsieur Christophe Mercier."
"Je vous demande de l'acquitter"
Longtemps, Christophe Mercier a fermement nié être responsable de la blessure de Maxime Beux.
En 2016, il présentait ainsi face aux enquêteurs la thèse d'un poteau sur lequel le supporter aurait chuté au cours des heurts. Une version sur laquelle le policier est finalement revenu au cours du procès, admettant qu'il est possible que son bâton ait touché l'œil du supporter.
Mais pour Me Pascal Ammoura, second conseil de Christophe Mercier, le constat est le même que celui de son confrère : ce soir-là, l'agent était dans son bon droit quand il a porté le coup de matraque. Au vu du contexte, au vu des affrontements.
"Je vous demande de faire en sorte que la nuit qui arrive soit plus agréable pour mon client que toutes celles qu'il a passées jusqu'à maintenant, conclut-il. Je vous demande de l'acquitter."
Invité à s'exprimer une dernière fois à la barre, l'accusé a réitéré ses excuses, comme il l'avait déjà fait la veille, à la partie civile : "Je souhaite une nouvelle fois exprimer mes regrets quant aux conséquences qu'il y a eues pour Maxime Beux."
La cour d'assises de la Marne s'est retirée pour délibérer peu avant 16h.
Elle devra répondre à cinq questions : l'accusé a-t-il volontairement commis des violences sur la personne de Maxime Beux ? Les violences ont-elles entraîné une mutilation ou une infirmité permanente ? Les violences ont-elles été commises avec usage ou menace d'une arme ? L'accusé bénéficie-t-il pour les faits de la cause d'irresponsabilité pénale prévue par l'article 122-4 alinéa 1 du code pénal (indiquant que n'est pas pénalement responsable la personne qui accomplit un acte prescrit ou autorisé par des dispositions législatives ou réglementaires) ? Enfin, l'accusé bénéficie-t-il de la cause d'irresponsabilité pénale prévue par l'article 1122-4 alinéa 2 du code pénal (indiquant que n'est pas pénalement responsable la personne qui accomplit un acte commandé par l'autorité légitime, sauf si cet acte est manifestement illégal) ?
Le verdict est attendu en début de soirée.