Quatrième et dernière journée du procès de l'affaire "Maxime Beux", ce vendredi 7 octobre, devant la cour d'assises de la Marne. L'avocat général a requis deux ans d'emprisonnement assortis d'un sursis simple à l'encontre de Christophe Mercier.
"Vous allez avoir la lourde tâche dans quelques heures d'essayer de rendre justice dans cette affaire." Il est 9h, ce vendredi 7 octobre, et Me Benjamin Genuini, conseil de Maxime Beux, débute sa plaidoirie devant la cour d'assises de Reims.
Après trois jours de procès, où se sont succédé tour à tour à la barre enquêteurs, témoins de la scène, partie civile et l'accusé, Christophe Mercier, l'avocat insiste : "Ce n'est pas le procès de la police. C'est celui d'un policier qui a éborgné un jeune homme de 22 ans, et qui a été couvert de longs mois par sa hiérarchie."
Les possibles provocations de supporters corses à l'encontre des forces de l'ordre avant match, les insultes qui leur auraient été répliquées, les fumigènes… Depuis mardi, la cour a pris soin de décortiquer chaque élément ayant mené à ce violent affrontement entre police et supporters, au cours duquel Maxime Beux a perdu son œil gauche. "Rien de tout cela ne justifie d'être éborgné", martèle Me Genuini.
Pour l'avocat, les faits sont évidents, et les changements de version de l'accusé, ainsi que les nombreuses contradictions survenues au cours des années dans son récit, accablants. "Pour vous forger votre propre conviction au moment de répondre aux questions de madame la Présidente [de la cour d'assises, ndlr], indique-t-il aux jurés, vous avez des éléments d’enquête concrets dans ce dossier."
Me Genuini cite pour exemple le témoignage d'un supporter bastiais comme celui d'un policier, "qui disent tous deux avoir vu un coup de matraque à hauteur d’homme puis un cri", ainsi que "les expertises qui disent que ce n’est pas un tir de flashball ni un poteau mais une matraque. Et enfin la vidéo surveillance ou l’on ne voit pas le coup, mais où l’on voit Maxime Beux s’écrouler."
En condamnant monsieur Mercier, vous ne rendrez pas son œil à Maxime. Mais vous pourrez soulager un peu sa peine. Vous pourrez faire justice.
Me Benjamin Genuini
L'infirmité de Maxime Beux est permanente et handicapante, conclut l'avocat. "Tous les matins, il se lève, met sa prothèse et pense à Reims, à ce coup, à ce jour. Tous les matins jusqu'à la fin de sa vie. En condamnant monsieur Mercier, vous ne rendrez pas son œil à Maxime. Mais vous pourrez soulager un peu sa peine. Vous pourrez faire justice, et vous pourrez étancher un petit peu plus sa soif de vérité."
Une condamnation "pour les six ans d'enfer" vécus par Maxime Beux
Une argumentation poursuivie par le second conseil de Maxime Beux, Me François Fabiani. Lui le clame : dans cette affaire, une seule question prévaut : "Christophe Mercier a-t-il commis les faits pour lesquels il est renvoyé devant cette cour ? Je réponds très tranquillement : oui."
L'avocat s'adresse à l'accusé : "Vous avez eu un ordre d'interpellation monsieur Mercier, mais vous l'avez mal exécuté. Et cela a eu des conséquences dramatiques."
Assis non loin des avocats, le policier suit attentivement les plaidoiries, garde le dos voûté, se passe régulièrement la main sur le visage et se couvre les yeux. Contraste marquant avec sa posture des premiers jours, à l'allure presque militaire, le dos et le regard droits.
Me Fabiani termine, en s'adressant cette fois directement aux jurés. "On vous demande aujourd'hui d'entrer en voie de condamnation pour les six ans d'enfer qu'a vécu celui-ci", lance-t-il en pointant Maxime Beux.
"Ce n'est pas le procès des supporters corses"
Après une brève suspension, vient l'heure des réquisitions de l'avocat général, Matthieu Bourrette.
Il rappelle, dans un premier temps, le contexte d'avant-match. Les outrages à agent, les moqueries, les bombes agricoles, les fumigènes, les insultes. Face aux jurés, il indique : ce contexte, s'il faut le prendre en compte, "ne vous trompez pas de procès. Ce n'est pas le procès des supporters corses."
D'un côté comme de l'autre, dans ce dossier, les mémoires sont sélectives, et pas forcément à cause de l'œuvre du temps. Nous devons faire avec.
Matthieu Bourrette, avocat général
"D'un côté comme de l'autre, poursuit-il, dans ce dossier, les mémoires sont sélectives, et pas forcément à cause de l'œuvre du temps. Nous devons faire avec."
Pour autant, le représentant du ministère public estime que l'accusé doit être reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés, car "ne pas condamner Christophe Mercier serait inégal au vu de ce qu'a subi Maxime Beux" .
Au terme de son exposé, l'avocat général requiert deux ans de prison avec sursis à l'encontre de Christophe Mercier pour violences volontaires avec une arme ayant entraîné une infirmité permanente.
Cet après-midi, la parole sera aux avocats de la Défense.