Dans le cadre de la tentative d'assassinat d'Yvan Colonna, la commission des Lois de l'Assemblée nationale va procéder aux auditions du directeur de l’administration pénitentiaire et à celles des chefs d'établissement de la centrale d'Arles. Elles auront lieu les 16 et 23 mars prochains.
Le cycle d'auditions de hauts cadres de l'administration pénitentiaire autour de la tentative d'assassinat dont a été victime Yvan Colonna débutera la semaine prochaine.
Mercredi 16 mars, c'est d'abord Laurent Ridel, directeur de l’administration pénitentiaire, qui sera auditionné par cette commission des lois composée de 72 députés.
Une semaine plus tard, le mercredi 23 mars, ce sera au tour de Marc Ollier, chef d’établissement de la maison centrale d’Arles où était détenu Yvan Colonna, de se présenter devant les parlementaires. Ancienne cheffe d'établissement de cette même centrale située dans les Bouches-du-Rhône, Corinne Puglierini sera également entendue le même jour.
"Dans le plus strict respect de l’information judiciaire en cours et alors qu’une enquête administrative a été immédiatement diligentée après les faits, les auditions porteront notamment sur les conditions de surveillance et la situation pénitentiaire de M. Yvan Colonna, ainsi que sur le parcours de détention de son agresseur, M. Franck Elong Abe", a écrit la commission des Lois de l'Assemblée nationale dans un communiqué.
À l'inverse de la commission d'enquête parlementaire, les personnes ne sont pas auditionnées sous serment.
"D'autres auditions pourront suivre", a précisé la commission des Lois présidée par Yaël Braun-Pivet (LREM) et dans laquelle figurent les députés Jean-Félix Acquaviva (Haute-Corse/Libertés et territoires), Bruno Questel (Eure/LREM), François Pupponi (Val d'Oise/Modem) et Ugo Bernalicis (Nord/La France Insoumise). Tous les quatre faisaient partie de la délégation parlementaire ayant rendu visite en prison, fin janvier, aux membres du "commando Erignac".
Une commission d'enquête parlementaire "si nécessaire", dixit Richard Ferrand
La tentative d'assassinat dont a été victime Yvan Colonna le 2 mars à la centrale d'Arles, par un co-détenu radicalisé et condamné pour des faits de terrorisme, a suscité une vague d'émotion et de colère dans l'île.
Président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni a demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la violente agression "particulièrement trouble" perpétrée contre Yvan Colonna dans la prison où il purgeait sa peine pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, le 6 février 1998 à Ajaccio.
Lors de l'émission "Dimanche en politique" sur France 3, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM) a rappelé qu'une telle commission ne pouvait pas "chevaucher" ou "se substituer à une enquête judiciaire".
Mais "si c'est nécessaire, l'Assemblée nationale, dès qu'elle reprendra ses travaux, c'est-à-dire au mois de juin", pourra "décider de créer une commission d'enquête", a-t-il déclaré.
En effet, élection présidentielle oblige, la trêve parlementaire a été décrétée le 1er mars. Ce qui complique, par conséquent, la mise en place d'une commission d'enquête qui nécessite une lourde organisation en amont et le "dépôt d'une proposition de résolution tendant à sa création", comme le mentionne le site de l'Assemblée nationale.
"Dérouler les faits mais aussi leur genèse"
"Nous prenons acte avec un début de satisfaction de ces auditions", a commenté auprès de l'AFP le député nationaliste Jean-Félix Acquaviva.
"Mais nous souhaitons avec des députés d'autres groupes parlementaires que l'ensemble des protagonistes administratifs mais aussi politiques puissent être conviés à ces auditions", a-t-il ajouté.
Il s'agit selon le député "de dérouler les faits mais aussi leur genèse qui est le refus obstiné de lever le statut de DPS (détenu particulièrement signalé)".
"La famille entend que l'administration pénitentiaire assume sa part de responsabilité dans la survenue de ce drame", ont déclaré mardi dans un communiqué les avocats d'Yvan Colonna et ses proches, qui se constituent parties civiles dans l'enquête pénale.
"Quel est le véritable mobile ? L'agresseur avait-il des complices ? Depuis combien de temps ce crime était-il planifié ?", s'interrogent-ils.
Des députés de tous bords ont depuis plusieurs semaines activement milité pour la levée de ce statut et le rapprochement en Corse des trois détenus condamnés pour l'assassinat du préfet Erignac.