Une souche de Xylella tueuse de vigne détectée en Italie, inquiétude en Corse

Le 22 février dernier, une souche de Xylella fastidiosa fastidiosa a été détectée dans la région des Pouilles en Italie. Cette forme de la bactérie s’attaque particulièrement aux vignes, et comme celle qui tue les oliviers, aucun remède n’existe pour l’éradiquer.

Le spectre de la Xylella rôde toujours. Ainsi, dans les Pouilles, région du sud de l’Italie, point de départ de l’épidémie européenne en 2013, six amandiers ont été testés positifs à la Xylella fastidiosa sous-espèce fastidiosa. 

L’information, publiée le 22 février dernier sur le site internet de la région italienne, a été relayée sur le réseau social X –anciennement Twitter- par le vice-président du syndicat interprofessionnel des oléiculteurs de Corse, Louis Cesari :

« Pouilles : une nouvelle souche de Xylella détectée : Xylella Fastidiosa fastidiosa. Sa plante hôte de prédilection : la vigne. Les Pouilles produisent une grande quantité des plants de vigne à destination de l'Europe, pas de suspense, la suite est logique.» 

« Le risque est lointain, mais il peut rapidement devenir très présent »

La suite la plus dramatique serait l’introduction d’une plante porteuse de la bactérie en Corse, puis l’infection de vignes insulaires. « Pour l’instant, explique Louis Cesari, le risque est petit, il est potentiel, il est lointain. Mais il pourrait rapidement devenir très présent et très proche. Les pertes économiques que cela représente sont très importantes. »

Si Louis Cesari continue de s’informer très régulièrement sur la bactérie, c’est qu'il a été, comme d'autres oléiculteurs insulaires, bousculé par la Xylella, sous-espèce multiplex, dès 2015. À cette date, la bactérie est détectée sur des oliviers. Mais il est alors trop tard : les arbres dépérissent ou sont détruits par précaution. 

L’olivier a perdu, ces dernières années, l’immortalité qu’il a toujours eue et la production d’huile d’olive en Corse est en train de stagner.

Louis Cesari

vice-président du syndicat interprofessionel des oléiculteurs de Corse

Et même si la crise est passée, la Xylella a toujours des conséquences sur les oliviers insulaires : « Les arbres continuent de dépérir. Aujourd’hui, les producteurs sont un petit peu inquiets et réfléchissent à de nouvelles manières de cultiver, sachant très bien que l’olivier a perdu ces dernières années l’immortalité qu’il a toujours eue. La production d’huile d’olive en Corse est en train de stagner. On vit ça de manière très difficile », souligne l'oléiculteur installé à Ghisonaccia. 

Une filière de production comme solution

En 2015, au plus fort de la tourmente, le préfet de Corse d’alors, Christophe Mirmand,  avait pris un arrêté interdisant l’introduction de plusieurs centaines de plantes sensibles à la bactérie. Un arrêté toujours en vigueur aujourd’hui, mais qui ferait l’objet de dérogations très larges selon le vice-président du syndicat interprofessionnel des oléiculteurs de Corse. « On est de nouveau dans des importations massives de plantes », regrette-t-il. 

D’autant plus que certaines plantes sont des "porteurs sains". Elles portent la bactérie, mais ne développent aucun symptôme. « La maladie est difficile à détecter, poursuit-il. Le plus sage serait d’éviter ces importations. Je ne comprends pas qu’en 10 ans nous ne soyons pas parvenus à mettre en place une filière de production de plantes afin de limiter les introductions. » 

Transmission via un insecte

Dans les Pouilles, région qui produit plus de la moitié de la production d’huile d’olive italienne, la Xylella a tué plus d’un million d’arbres entre 2013 et 2019. Malgré les abattages d’arbres contaminés et une stratégie d’enrayement autour de la zone infectée, aucun remède contre la bactérie, qui se transmet via un insecte piqueur-suceur, n’a été trouvé. « Il n’y a jamais eu aucun cas d’éradication réussie lorsque la bactérie s’est diffusée dans les cultures. La carte de lutte n’existe pas », soutient Louis Cesari. 

Seul mince espoir pour la viticulture : faire tremper les pieds de vigne importés dans de l’eau chaude pendant un certain temps. Un traitement qui permet de tuer la bactérie. « Mais si l’on prend l’exemple des géraniums, vous pensez que les personnes qui les importent vont faire tremper tous les pieds à l’eau chaude ? », interroge ironiquement Louis Cesari. 

Jusqu'à 17 milliards d'euros de pertes

Selon une étude de l’université de Wageningen, aux Pays-Bas, publié en avril 2020 dans la revue américaine Proceedings of the national academy of sciences, l’impact économique de la Xylella pourrait être très important.

Ainsi, sur les cinquante prochaines années, les pertes et la non-rentabilité des investissements cumulés pourraient atteindre jusqu’à 17 milliards d’euros en Espagne, 5 milliards en Italie et 2 milliards en Grèce. Environ 300.000 emplois pourraient également être affectés en Europe. 

Pour l’heure, dans les Pouilles, les six pieds d’amandiers porteurs de la Xylella fastidiosa fastidiosa ont été arrachés. 

L'actualité "Économie" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Corse ViaStella
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité