Lors de la présentation de ses vœux pour l’année 2023, Gilles Simeoni a évoqué des "menaces" dont il serait victime. C’est la première fois que le président de l’Exécutif de Corse fait explicitement référence à de telles pressions.
"Je suis, en ce qui me concerne, malgré les difficultés, les obstacles, quelquefois les menaces, confiant, serein et déterminé". La phrase, prononcée par Gilles Simeoni dans son traditionnel discours de vœux pour la nouvelle année, ne passe pas inaperçue. C’est la première fois que le président de l’Exécutif évoque de manière explicite les pressions dont il ferait l’objet.
Gilles Simeoni ne détaille cependant ni la nature ni le contexte de ces "menaces". Contacté, il n’a, pour l’heure, pas souhaité préciser davantage son propos. Selon nos informations, aucune plainte n'aurait été déposée de la part du président de l'Exécutif.
"Personne ne vient me tenir le bras"
Lors de la session exceptionnelle de l’Assemblée de Corse consacrée aux dérives mafieuses, le 18 novembre dernier, Gilles Simeoni s’était exprimé fermement sur cette question. S'adressant directement aux collectifs présents en tribune, et notamment les associations de défense de l'environnement, il avait déclaré :
"Peut-être pouvons-nous faire mieux. Mais je n'accepte pas, en tant que président du Conseil exécutif, que nous soyons stigmatisés sur cet aspect-là, où nous sommes irréprochables. Parce qu'au-delà des textes et des techniques juridiques, il y a une question politique : est-ce qu'aujourd'hui, quand moi, président du Conseil Exécutif, je prends une décision, que ce soit dans le domaine de l'urbanisme, que ce soit dans le domaine des transports, que ce soit dans le domaine des déchets, dans n'importe quel domaine... Lorsque moi, président du Conseil, ou lorsque les élus de l'Assemblée de Corse votent, est ce qu'il y a quelqu'un qui vient nous dire à l'oreille, mafieux ou pas mafieux, tu vas faire comme ça ?"
"Moi je vous dis qu'il n'y a personne qui vient me tenir le bras, avait-il martelé. Et que les Corses, je vous le dis en vous regardant, peuvent avoir confiance en moi, et avoir confiance en nous, pour que nous fassions en permanence prévaloir l'intérêt général."
"Le chemin de l'espoir ou la logique de conflit"
Dans le reste de son allocution, Gilles Simeoni évoque une nouvelle fois les dérives mafieuses mais aborde également les questions stratégiques des transports, de la santé et de l’énergie.
Enfin, il fait aussi et surtout référence au processus de négociation entre les élus de la Corse et le gouvernement - aujourd'hui au point mort - qui devait déboucher sur la construction d'un statut d'autonomie. "Neuf mois après, cet engagement peine à concrétiser et la Corse peut soit s’engager sur le chemin de l’espoir, soit basculer à nouveau dans la logique de conflit", analyse le président de l’Exécutif.
"Les semaines à venir seront décisives", estime-t-il. Avant de rappeler que toutes les sensibilités politiques "ont dit vouloir la réussite du processus engagé avec l’État".
"La mobilisation massive des parlementaires, maires et présidents d’intercommunalité qui se sont prononcés à la quasi-unanimité en faveur d’une mesure de semi-liberté pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi montre combien la Corse aspire à ouvrir et écrire une nouvelle page de son histoire collective", conclut le président de l'Exécutif.
Retrouvez l'intégralité des vœux de Gilles Simeoni :