Le réseau de transport électrique en Alsace devra être renforcé dans les années à venir pour faire face à la fermeture programmée de la centrale nucléaire de Fessenheim d'ici fin 2016, a prévenu mardi RTE, le gestionnaire du réseau électrique à haute tension.
Il est nécessaire d'engager dès cette année des travaux d'adaptation du réseau, afin que, le moment venu, l'arrêt définitif de Fessenheim n'entraîne pas de perturbation majeure pour la consommation d'électricité dans la région, a expliqué lors d'une conférence de presse le directeur de RTE dans le Grand Est, Patrick Bortoli. Cette première tranche de travaux coûtera 50 à 60 millions d'euros, a détaillé M. Bortoli. Elle aura notamment pour but d'assurer une tension constante de l'électricité.
Au niveau national, RTE investit chaque année 1,4 milliard d'euros dans la modernisation et l'entretien de son réseau, en tenant compte des évolutions prévisibles de la consommation et des moyens de production. "Notre mission est d'alerter suffisamment en amont les pouvoirs publics sur les travaux à prévoir", a résumé M. Bortoli. Dans ce cadre, la fermeture de Fessenheim est d'ailleurs un élément à prendre en compte parmi d'autres évolutions prévisibles, comme par exemple la fermeture programmée de centrales thermiques.
A plus long terme, une autre tranche de travaux doit être envisagée pour adapter le réseau à la fois à la fermeture de Fessenheim et à celle de plusieurs centrales nucléaires en Allemagne, d'ici 2022, a expliqué le responsable de RTE. Il s'agit de construire une nouvelle ligne à haute tension d'une cinquantaine de kilomètres, approximativement entre Sélestat et Mulhouse, ou bien de procéder au doublement de la ligne existante, ce qui coûtera "au minimum" 100 millions d'euros. Un tel équipement doit être planifié et décidé dès maintenant, car il peut s'écouler huit ans entre le lancement des procédures administratives et l'achèvement du chantier, a souligné M. Bortoli.
Mise en service en 1977, la centrale de Fessenheim est la doyenne des installations nucléaires françaises en activité. Selon EDF, elle produit "70% de la consommation d'électricité d'une région comme l'Alsace". Le président François Hollande s'est engagé à la fermer avant la fin de son quinquennat, au grand dam des salariés du site et de nombreux élus locaux, qui la disent sûre et rentable. A l'inverse, les mouvements écologistes réclament une fermeture immédiate, car ils estiment les deux réacteurs alsaciens vétustes et dangereux.