Bollywood en Brisgau: une comédie musicale sur le fondamentalisme religieux au théâtre de Fribourg

Le théâtre de Fribourg en Brisgau présente son adaptation du roman "Le petit soldat de Dieu", de l'indien Kiran Nagarkar. 

C'est en 2006 que le roman sort en Allemagne – un succès dans les librairies. Le thème du livre de Kiran Nagarkan – comment, pourquoi devient – on un extrémiste ? – a séduit ses lecteurs outre-rhin: n'ont-ils pas, il y a quelques décennies, été confrontés à des groupes terroristes, des assassins guidés par une idéologie absolue ?

Une plongée dans l'intégrisme religieux

L'histoire de Zia, un jeune indien pris au piège des extrémismes religieux, a fasciné Viola Hasselberg et Jarg Pataki, respectivement directrice du théâtre de Fribourg et metteur en scène. Après avoir rencontré l'auteur, ils ont adapté le roman au théâtre… Un roman qui, sous leur plume, devient comédie musicale. " Le livre, ce sont 900 pages débordantes de couleurs, d'images, il fallait absolument trouver une manière de rendre compte de cette ambiance", raconte Viola Hasselberg. " Nous avons pensé à Bollywood, ce genre cinématographique dans lequel on retrouve tout cela: les couleurs, des émotions extrêmes, de la violence mais aussi des questionnements ".
Des interrogations : qu'est ce qui a fait basculer Zia Khan, jeune mathématicien surdoué, dans l'intégrisme ? Cette question, l'interprète de Zia, Ben Daniel Jöhnk se la pose encore. "  Sur scène, je suis cet homme, qui a tué, qui a été violent. Il faut que les spectateurs puissent observer comment Zia évolue, bascule, mais il faut éviter la complaisance. Et, difficulté supplémentaire: la pièce dure 4 heures, pendant lesquelles l'attention des spectateurs doit-être captée !"

Sur scène, professionnels et amateurs

" Le petit soldat de Dieu " est une fable contemporaine devenue comédie musicale, pleine de couleur, d'énergie et d'émotion… à  4000 kilomètres de Mumbay, la ville dans laquelle vit la famille Kahn.  Ce sont les chants et les danses qui posent l'ambiance : les musiciens jouent en direct, installés sous une tente au bord de la scène ; Aakash Odedra, danseur professionnel d'origine anglo-indienne, signe les chorégraphies, exécutées par des danseurs amateurs, recrutés par petite annonce… Une manière pour le théâtre de Fribourg de travailler avec les habitants de la ville, et de s'ouvrir au public. " On s'entraine depuis février, " raconte Sylvia, " et du coup, j'ai lu le livre et je m'intéresse à tout ce qui se passe, ce qui se dit sur la scène pendant la pièce ! En tout cas, j'adore Bollywood et cette ambiance, tellement éloignée de nous! ".  " Justement, nous jouons avec cet éloignement, cet exotisme ", explique Ben Daniel Jöhnk. " C'est Bollywood dans toute sa splendeur et à la sauce fribourgeoise, avec du kitsch et des émotions. Mais ce kitsch n'éclipse pas le propos : les dangers de l'extrémisme religieux ".

" Le petit soldat de Dieu ", une fresque qui est à l'affiche du théâtre de Fribourg en Brisgau jusqu'en juillet: un spectacle exotique et coloré, mais aussi une histoire qui colle à l'actualité: quand l'interprétation de la religion et de la foi pousse à l'intolérance et à la violence.