Les deux-tiers des salariés du fournisseur automobile Behr France à Rouffach ont approuvé par référendum le gel temporaire de leurs salaires et une hausse du temps de travail en échange d'un maintien des effectifs.
Le oui l'a emporté par 66,6%, avec une participation de 89% des 1.016 salariés permanents inscrits, selon le procès-verbal du vote qui s'est déroulé jusque tard dans la nuit de vendredi à samedi. Même si ce référendum n'a de valeur que consultative, le salariés sont "d'accord avec nos propositions", a commenté Henry Baumert, président de Behr France, un fabricant de climatiseurs filiale du groupe allemand Mahle-Behr.Les salariés devaient se prononcer sur le gel des augmentations salariales jusqu'en 2015 et la renonciation à cinq jours de RTT sur 15 (ou trois jours et demi de travail en plus par an pour l'équipe du week-end), en contrepartie d'un engagement de la direction à ne pas procéder à de plan social dans les deux ans et à rentrer une nouvelle commande importante pour laquelle l'usine est en concurrence avec un autre site du groupe en République tchèque, selon les syndicats.
L'intersyndicale CFTC-CFDT-Unsa, regroupant les organisations syndicales majoritaires à elles trois, avait appelé à voter non, estimant insuffisantes les garanties de la direction. Le projet n'empêcherait pas la suppression d'effectifs au compte-gouttes sans plan social, estime l'intersyndicale. Parmi les ouvriers et employés la proportion de oui est plus faible (59%), selon
l'intersyndicale. Désormais, direction et syndicats vont s'attacher à conclure un accord d'entreprise
en bonne et due forme, a-t-elle souligné.
"Nous voulons négocier, mais pas signer de chèque en blanc. La négociation portera sur de nombreux autres points et nous demandons davantage de garanties et à plus long terme", ont exposé les représentants de l'intersyndicale Jean-Marc Fellmann, Denis Pieczynski et Stéphane Bottin, qui ont dénoncé un "chantage à l'emploi". Organisé par la direction, le référendum résulte d'une demande de la CGT et de la CFE-CGC, les deux autres organisations du site qui n'ont pas rejoint l'intersyndicale, a rappelé cette dernière.
Selon M. Baumert, il visait à faire s'exprimer le personnel pour "lever la situation de blocage au bout de 15 réunions" de négociations direction/syndicats. "Il faudra un accord et nous sommes prêts à en respecter les engagements", a déclaré le dirigeant de l'usine. Selon M. Baumert, la baisse du coût salarial est "nécessaire pour gagner de nouveaux projets dans la compétition actuelle de l'industrie automobile", marquée par un marché en baisse et "des coûts élevés en Europe de l'ouest".