Le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Pierre-Franck Chevet, fait état dans le Journal du Dimanche d'un dossier toujours incomplet d'EDF pour engager la fermeture de Fessenheim, estimant qu'il "ne faudrait pas que cela dure".
"EDF a engagé des premières études. Mais nous n'avons reçu ni dossier technique ni d'étude d'impact montrant qu'il maîtrise tout", déclare M. Chevet. "Il ne faudrait pas que cela dure. Nos échanges avec EDF doivent démarrer dans les six prochains mois".
Le président François Hollande a promis la fermeture définitive de la centrale nucléaire de Fessenheim fin 2016, mais ce calendrier suscite des interrogations, l'ASN jugeant un délai total de 5 ans nécessaire, soit après la fin du quinquennat. L'exploitant, en l'occurence EDF, doit d'abord constituer un lourd dossier de fermeture, ce qui prend environ 2 ans selon les estimations de l'ASN.
Suit ensuite un délai de 3 ans maximum entre le dépôt de ce dossier et la publication du décret d'arrêt définitif. Pour accélérer la procédure, le gouvernement
pourrait introduire dans une loi sur l'énergie attendue au mieux fin 2014 la possibilité pour l'Etat de fermer des centrales pour des raisons de politique énergétique (aujourd'hui seulement possible pour des motifs de sûreté). Pour M. Chevet, il est souhaitable que le démantèlement de la centrale "ne démarre pas plus de deux ans après l'arrêt". "Si Fessenheim est stoppée fin 2016, le démantèlement doit débuter au plus tard fin 2018. Sachant que ce processus prend cinq ans, le délai est très serré. Il faut que les choses avancent très rapidement", a-t-il ajouté.
Le président de la Commission du développement durable de l'Assemblée nationale, Jean-Paul Chanteguet (PS), a récemment fustigé "ceux qui cherchent à gagner du temps" sur la question du nucléaire, comme le président d'EDF, Henri Proglio, l'accusant de ne pas être "pressé de mettre en oeuvre l'engagement" de M. Hollande. Fin juillet, ce dernier a assuré qu'EDF avait "commencé à travailler" avec le médiateur chargé de la fermeture de la centrale, jugeant par ailleurs "très vraisemblable" que cette fermeture figure dans une prochaine loi.