Signé mardi 17 septembre 2013 pour la période 2014-2016, ce pacte a pour but de relancer l'industrie Lorraine et l'emploi via les PMI et PME en mettant l'accent sur la recherche dans les matériaux innovants.
"Tourner la page des haut-fourneaux", comme le réclamait en janvier dernier Roger Cayzelle, le président du CESEL de Lorraine, c'est tout le sens de ce Pacte que l'Etat signe avec la Région Lorraine mardi 17 septembre 2013 à la veille de l'examen par les députés de la proposition de loi sur la reprise
des sites rentables.
Un texte qui était sensé sauver la filière chaude de Florange mais dont le gouvernement s'est bien gardé de le faire adopter rapidement après l'élection du candidat socialiste François Hollande. D'où la création de la stèle aux promesses non tenues du président de la République.
16 projets dont une vallée toute virtuelle pour une visibilité internationale
"Tout un tissu de PME-PMI dans le domaine des matériaux en Lorraine risquent de disparaître dans un marché concurrentiel, parce qu'elles n'ont pas les moyens d'investir dans de tels efforts de recherche et de suivre les derniers développements". Eric Gaffet, directeur de l'Institut Jean Lamour.
"L'objectif de cette Vallée (VEMEL) est de créer en Lorraine un écosystème des matériaux et de l'énergie, comme Toulouse l'est pour l'aéronautique ou Grenoble pour les nanotechnologies". Christophe Choserot, vice-président du conseil régional de Lorraine en charge de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.
Le pacte Etat-Région signé mardi à Matignon comporte 16 projets dont le plus important est Lorraine "Vallée Européenne des Matériaux et de l’Energie".
A travers cette VEMEL, l'objectif est désormais de mettre l'accent sur la recherche dans les matériaux innovants en associant les organismes lorrains dédiés publics et privés en partenariat avec des PMI et PME qui n'ont pas les moyens de financer leurs propres structures de recherche et développement.
Il ne s'agit donc pas de créer physiquement un lieu d'accueil de nouvelles structures mais bien de mettre en réseau et de développer celles qui existent déjà ou sont en cours de création afin de leur permettre de mieux se coordonner pour produire de l'innovation génératrice de marchés et par conséquent d'emplois.
Avec toutefois une interrogation : les applications concrètes des produits et matériaux découverts dans le double cadre scientifique et industriel de cette VEMEL seront-elles exploités sur place ou hors des frontières de la Lorraine où l'emploi industriel est en total effondrement?..
L'argent, nerf de la guerre pour faire mieux que les pôles de compétitivité
Le Pacte que l’Etat signe avec la Lorraine pour un montant de 300 millions d'euros -répartis à parité avec le conseil régional- devrait en principe exister à côté et non faire partie du traditionnel Plan Etat-Région qui porte sur des périodes de 5 ans et dont l'actuel s'achève en 2015.
Car au-delà des ressources intellectuelles, humaines et techniques que les acteurs concernés veulent mettre en avant pour faire vivre cette Vallée Européenne des Matériaux et de l’Energie en Lorraine (VEMEL), la ressource essentielle sera bien sur l'argent.
Le conseil Régional a déjà ouvert la voie à un emprunt de 50 millions d'euros par vote en juin dernier et espère que les 300 millions d'euros annoncés pour la période 2014-2016 seront non seulement réellement abondés par l'Etat (150 millions) mais complétés par les autres acteurs, notamment industriels.
Dans le cas contraire, ce projet n'irait pas très loin. Pas beaucoup plus loin en tout cas que les trois pôles de compétitivité qui en associant recherche, formation et innovation, devaient sauver la Lorraine et dont l'efficacité reste plus que jamais à prouver...
Mise en scène magistrale d'un non-évènement pour le sénateur Grosdidier
"Nous avons assisté à une mise en scène magistrale pour un non-évènement (...) « Révolution » ? Non. L'intérêt de la démarche, il n'est pas nul, est de confirmer les pôles de compétitivités « fibres » et « matériaux » (...). Il est de leur donner un nouveau souffle et de mobiliser en Lorraine l'Etat, les collectivités territoriales, les partenaires économiques, scientifiques et sociaux. (...) Avec grandiloquence, ils ont consacré la banalisation de la Lorraine : 150 millions d'euros de l'Etat, soit un peu plus de 4 % de l'enveloppe globale de 3,7 millions d'euros annoncés le 12 septembre par François Hollande et Arnauld Montebourg, et déclinés dans 34 plans. (...) La Lorraine est la première servie, chronologiquement, mais sa part de 4 % est strictement proportionnelle à sa population : le droit commun, rien de plus, alors que les indicateurs socio-économiques sont largement sous la moyenne nationale. Alors que la Région Ile-de-France est massivement aidée dans le cadre du Grand Paris, la Lorraine ne l'est pas sur ses infrastructures : des paroles mais pas un euro sur l'attractivité de son territoire et sur l'intermodalité." François Grosdidier, sénateur de la Moselle.
Quelques organismes concernés par Lorraine "Vallée Européenne des Matériaux et de l’Energie"
- L'IRT M2P : Institut de recherche technologique matériaux, métallurgie et procédés
- CEA Tech : future branche de transfert technologique aux entreprises du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives.
- L'institut Jean Lamour, l’un des plus importants centres de recherche publique en Europe dans le domaine de la Science des Matériaux, et le plus important de l’Institut de Chimie du CNRS.