La chambre commerciale du TGI de Strasbourg avait reporté sa décision d'une journée. Elle vient de rendre sa décision et d'avaliser le projet de reprise de deux anciens dirigeants l'entreprise de cloisons amovibles. Celui-ci prévoit la suppression de 38 postes.
La semaine dernière, le comité d'entreprise avait donné un avis favorable à l'offre de reprise déposée par le groupe Impala de Jacques Veyrat (l'ancien bras droit de Robert Louis-Dreyfus), qui contrôlera l'entreprise aux côtés de Bpifrance, de Clesmeca (une société de l'ancien dirigeant Jean-Paul Chaudron) et de Jean-Luc Bikart (ex-PDG de Clestra).
Le plan de cession de l'entreprise, qui a été numéro un mondial dans son secteur, prévoit 38 licenciements. Le chiffre est à rapporter aux quelque 430 salariés de l'entreprise en France, dont 350 dans l'usine d'Illkirch, près de Strasbourg.
"C'est une grande satisfaction, on sort d'un long tunnel", a réagi mardi matin José Rosa, délégué CGT du personnel, après la publication du délibéré de la chambre commerciale du tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg. "La mobilisation des salariés a payé", a-t-il estimé, en référence aux manifestations organisées ces derniers mois pour solliciter le soutien des pouvoirs publics, après le placement de l'entreprise en redressement judiciaire en novembre.
Clestra, contrôlée depuis 2008 par le groupe Windhurst Industries, a souffert d'importants problèmes de trésorerie. Le fabricant de cloisons, fleuron de l'industrie locale, a aussi pâti de la mode de l'"open space". Les salariés ont un temps soutenu un plan de continuation présenté par Xavier Négiar, l'homme que Windhurst Industries avait placé à la tête de l'entreprise pour la redresser. Mais son projet, qui n'était pas soutenu par Windhurst, avait été écarté faute d'engagements financiers.
Le jeune groupe français Impala, dirigé par l'homme d'affaires Jacques Veyrat, s'est quant à lui allié à Bpifrance, ainsi qu'à deux anciens cadres de l'entreprise pour élaborer son plan. Ils apportent au total 11 millions d'euros de capital, dont environ 8 M d'euros par Impala, a indiqué l'un d'eux à l'AFP.
Un dossier "emblématique"
Ce dossier est jugé "emblématique" du côté de Bpifrance, qui se félicite de la "crédibilité" des repreneurs. La banque publique d'investissement apporte 1 M d'euros en capital, ainsi que des financements de court terme, après avoir déjà investi dans la société depuis 2011. Les repreneurs se sont rendus dès mardi matin dans les ateliers de l'entreprise."Notre objectif est de redevenir rapidement le numéro un mondial" dans le secteur des cloisons, avait indiqué lundi soir Vincent Paul-Petit, qui a mené les négociations pour Impala. "C'est un challenge parce qu'il faut à nouveau remplir les carnets de commande", a-t-il dit.
"On avait des clients en stand-by, qui craignaient de s'engager dans des contrats avec nous. Maintenant, les commandes vont pouvoir repartir", s'est félicité M. Rosa, dont le syndicat évalue à plus de 700 le nombre d'emplois concernés en comptant les filiales et les sous-traitants.
"Après, il va falloir commencer à négocier sur les conditions des licenciements et sur d'autres sujets", a-t-il ajouté. Selon les syndicats, les repreneurs leur ont annoncé leur intention de demander une annualisation du temps de travail, pour davantage de flexibilité, et souhaiteraient un gel des salaires sur deux ans.
Jacques Bigot, Président de la Communauté urbaine de Strasbourg, Roland Ries, Sénateur-Maire de Strasbourg, et Catherine Trautmann, Vice-présidente déléguée au développement économique ont exprimé leur satisfaction par communiqué :
« Nous sommes soulagés. Près de 350 emplois sont préservés sur le site d’Illkirch. Dans le contexte économique actuel, trouver des repreneurs crédibles qui veulent investir dans une entreprise qui a connu des difficultés est un signal positif pour notre territoire et nos entreprises : Strasbourg et l’Alsace restent attractifs pour les investisseurs.
La Ville et la Communauté urbaine se sont mobilisées dès les premières difficultés pour alerter le Ministère du Redressement productif sur les risques qui pesaient sur Clestra, en lien avec le Député Philippe Bies.
Nous tenons très sincèrement à saluer le travail qui a été réalisé par les repreneurs, par le Ministère du Redressement productif et son commissaire régional Jacques Muller et par l’ADIRA, afin de présenter un plan de reprise crédible avec une réelle ambition industrielle et commerciale pour Clestra.
Nous voulons également saluer les salariés pour la responsabilité dont ils ont su faire preuve durant les mois difficiles qu’a connus leur entreprise. Leurs compétences et la qualité de leur savoir-faire ont été des éléments déterminants dans le choix des repreneurs. Personne ne peut se réjouir des licenciements. Aussi, nous demandons que des solutions de reclassement soient rapidement proposées aux salariés qui seront touchés. »