Une habitante de Lunéville (Meurthe-et-Moselle) a porté plainte contre une dermatologue après le suicide de son fils, à qui elle avait prescrit du Roaccutane, un traitement anti-acné déjà soupçonné d'avoir entraîné d'autres suicides
L'affaire, révélée par l'Est Républicain jeudi 24 octobre 2013, remonte au mois de juillet, quand Jordan, 22 ans, s'est pendu dans sa chambre, a confirmé la mère du jeune homme à l'AFP.
"C'est une faute professionnelle grave ayant entraîné le décès de mon fils Jordan."
La dermatologue "a fait un suivi uniquement par prise de sang, elle n'a pas jugé bon d'orienter mon fils vers un psychologue (...) et se contentait de lui prescrire un renouvellement du traitement", a déclaré à l'AFP cette mère de famille ayant tenu à garder l'anonymat.
Cet étudiant en fac de lettres avait suivi de janvier à juin une cure sévère de Curacné, un générique du Roaccutane.
Ce médicament vaut déjà à son inventeur, le groupe pharmaceutique suisse Roche, ainsi qu'aux fabricants de ses génériques, les laboratoires Fabre et Expanscience, une série de plaintes après plusieurs suicides de patients.
Jordan était "un jeune homme intelligent, très doué avec plein de projets d'avenir (...), souriant, aimant sortir avec sa bande d'amis." Mais à la suite de ce traitement "son comportement avait beaucoup changé: il ne dormait plus la nuit, s'enfermait des heures dans sa chambre, souffrait de douleurs musculaires très fortes dans le dos et de sécheresse des muqueuses. Il a caché à tout le monde sa souffrance morale, jusqu'au geste fatal." La maman de Jordan.
Elle est persuadée que "pour faire un geste pareil il ne faut plus être soi-même, c'est ce médicament qui a atteint le cerveau".
Elle s'est rapprochée de Daniel Voidey, président de l'association française des victimes du Roaccutane et génériques (AVRG), qui a engagé des actions en justice contre Roche, Fabre et Expanscience, après le suicide de son fils Alexandre dans des circonstances similaires en 2007.
"Nous avons comptabilisé une soixantaine de suicides en France et en Suisse liés à la prise de ces traitements et nous avons reçu environ 1.800 témoignages" sur leurs nombreux effets indésirables, a-t-il déclaré vendredi à l'AFP.
Devant la polémique une étude avait été lancée en 2011 sur 1.000 patients pour analyser les effets collatéraux du Roaccutane et ses génériques. Les résultats sont attendus en fin d'année, a ajouté M. Voydet.