Totentanz reloaded : la danse macabre de Bâle ressuscitée par le cinéaste Peter Greenaway

C’est sur l’emplacement d’un ancien cimetière que le cinéaste britannique propose une version moderne de la danse macabre, à l’initiative d’une association bâloise, « Totentanz 2013 » .

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Nous sommes à Bâle, entre la rue du Totentanz, la rue de la danse macabre, et la Prediger Kirche. Sur l’emplacement de l’ancien cimetière, Peter Greenaway fait danser la mort grâce à une installation vidéo : un squelette qui danse et qui bouge ; la mort est grotesque, la mort entraîne ses spectateurs, elle les fascine, et surtout, elle est présente partout.
« C’est l’Eros et thanatos des grecs, c’est le tout début et la toute fin, c’est tout ce que l’Homme ne saura jamais contrôler, même s’il l’imagine possible ». Peter Greenaway était présent à Bâle ce 31 octobre, pour le vernissage de son installation. « Je me suis toujours intéressé au Moyen Age, et j’ai une formation de peintre, je connais mes classiques et donc le célèbre Totentanz de Bâle », explique-t-il. « Evidemment, pour ce travail-ci, je me suis documenté, et partout – à Londres, à Lübeck, au Mexique ou en Sicile - c’est le même message : la mort est inéluctable, et elle l’est pour tous ! ».

La danse macabre, c’est un phénomène européen du 15ème siècle, des fresques murales qui font apparaître la mort, entraînant les humains avec elle. Celle de Bâle a été réalisée vers 1440 sur le mur du cimetière près de la Prediger Kirche, un mur détruit en 1805 : en piteux état, sa fresque n’a plus de raison d’être en ces temps éclairés par le siècle des Lumières… Seuls 19 fragments de peinture ont pu être sauvés par des Bâlois qui pressentent que ce Totentanz ne peut pas disparaître dans les gravats. Aujourd’hui, on peut les voir au musée historique de Bâle, accompagnés de figurines façonnées au cours du 19ème siècle.
Un Totentanz qui rappelle aux hommes qu’ils doivent tous mourir : personne n’échappe à la mort, du cardinal au paysan, de l’artisan à la jeune vierge. « C’était un rappel aux croyants qui devaient se souvenir de faire repentance, parce que la mort va tous les emmener avec elle. Un sermont de repentance peint sur le mur du cimetière en quelque sorte », explique Sabine Söll – Tauchert, la conservatrice de la section d’histoire de l’art du Musée Historique de Bâle.
Le Totentanz, une relique des temps anciens, obscurs et effrayants ? Non - Les initiateurs de son renouveau ont voulu suggérer la permanence et l’actualité du sujet dans un monde qui nous incite à ne pas envisager la fin. Une danse macabre Reloaded façon 21ème siècle : « Tout le monde connaît le Totentanz, mais peu de gens savent de quoi il s’agit vraiment », nous raconte Matthias Buschle, l’un des initiateurs du projet Totentanz 2013. « Nous avons voulu créer une danse macabre du 21ème siècle, une installation vidéo. Au Moyen-Age, on disait « vit bien car tu dois mourir » ; nous, nous disons : « C’est parce que tu dois mourir que tu dois profiter de la vie ! ». La mort est toujours là, c’est notre conception de la vie qui a changé au fil des siècles ! ».
Une installation vidéo en extérieur et dans la Prediger kirche, des visites guidées au musée historique de Bâle, des conférences et des concerts, voilà le programme jusqu’à fin novembre. Ensuite, l’association « Totentanz » envisage de partir en tournée européenne avec son installation.
TOTENTANZ 2013, jusque fin novembre 2013, entrée libre, jusque 22H.
Site de l'association "Basler Totentanz 2013": http://baslertotentanz.ch/
Site du Musée Historique de Bâle: http://www.hmb.ch/home.html
Site de la Predigerkirche de Bâle: http://www.ckk-bs.ch/

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