Le CHU de Reims, où est hospitalisé Vincent Lambert en état végétatif chronique depuis 5 ans, s'est joint mercredi à la démarche de son épouse pour saisir le Conseil d'Etat qui devra se prononcer sur la fin de vie du patient.
Dans un court communiqué, la direction de l'hôpital a annoncé son intention de saisir la plus haute juridiction administrative contre la décision du tribunal de Châlons-en-Champagne de maintenir en vie le patient en état végétatif chronique.
Conformément à la position exprimée par la ministre de la Santé, le CHU de Reims fera appel devant le Conseil d'Etat du jugement du tribunal administratif.
Ce mardi, Rachel Lambert, la femme du patient tétraplégique, avait pour sa part annoncé son intention de saisir le Conseil d'Etat pour demander l'arrêt du "maintien en vie artificielle" de son mari, estimant que le "laisser partir" constituait "un acte d'amour".
"La décision du CHU est un soutien important pour Rachel, qui avait du mal à comprendre que des juges viennent en 48 heures contredire ce que les médecins avaient décidé collégialement après 5 ans de soins et la certitude que l'état de Vincent était irréversible", a dit à l'AFP Sara Nourdin, l'avocate de Rachel Lambert.
Lundi dernier, une autre partie de la famille favorable à l'arrêt des soins avait demandé à la ministre de la Santé Marisol Touraine d'enjoindre par écrit la direction du CHU de Reims de faire appel dans une tribune publiée par Le Monde. Le lendemain sur i-Télé, la ministre avait réitéré ses propos tenus à l'occasion de ses voeux à la presse le 21 janvier, de demander "formellement au directeur du CHU de Reims" d'accompagner la procédure d'appel si elle
était introduite par la famille.
Les suites du dossier "Vincent Lambert" avec notre journaliste Charles-Henry Boudet jeudi soir dans le 19/20.
Défendre l'intérêt de Vincent
Un des signataires de la tribune, François Lambert, le neveu de Vincent, s'est réjoui mercredi soir de la décision du CHU en annonçant également son intention de se joindre à la procédure d'appel. La saisine du Conseil d'Etat pourrait être effective dès vendredi et les magistrats auront un délai de 48 heures pour se prononcer, "ou un peu plus s'ils considèrent qu'il n'y a pas d'urgence absolue à statuer", a précisé une source judiciaire.Les parents, des catholiques traditionalistes opposés à l'euthanasie passive de leur fils, avaient saisi mi-janvier la justice et obtenu gain de cause auprès du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne. Les magistrats avaient estimé que "la poursuite du traitement n'était ni inutile, ni disproportionnée et n'avait pas pour objectif le seul maintien artificiel de la vie". "Il faut défendre avant tout l'intérêt de Vincent. Le jugement du tribunal administratif a posé beaucoup de questions qui ont d'ailleurs ému l'ensemble du corps médical et qui remettaient en cause l'indépendance de la décision des médecins", a pour sa part réagi le docteur Eric Kariger qui dirige le service de soins palliatifs du CHU de Reims où est hospitalisé Vincent Lambert. Il avait décidé en collégialité de suspendre la nutrition et l'hydratation artificielles de son patient.