Les salariés du fabricant de panneaux de particules en bois Depalor à Phalsbourg (Moselle), en passe de perdre leur emploi après l'incendie accidentel de leur usine cet été, ont relâché jeudi en milieu de journée les trois cadres qu'ils retenaient dans les locaux depuis la veille.
Les quelque 140 salariés concernés ont pris cette décision en considérant que Mauro Capozzo, le PDG de leur maison-mère le groupe suisse Krono, s'était déclaré prêt à "renouer le dialogue" avec eux si les cadres étaient libérés.Les salariés se battent contre la fermeture annoncée de leur usine, détruite à 40% dans un incendie accidentel en juillet dernier, et dont la direction a annoncé en décembre qu'elle ne serait pas reconstruite, au vu de la "situation économique fragilisée" de l'entreprise depuis des années, avec 21 millions d'euros de pertes cumulées entre 2007 et 2012.
Les employés demandent l'ouverture de discussions pour que l'actuelle direction du groupe "donne les moyens au CE et aux collectivités locales pour négocier avec un éventuel repreneur". Pendant toute la journée de mercredi et la nuit qui a suivi, ils avaient retenu dans les locaux administratifs du site le directeur général, le directeur technique et la directrice administrative et financière de l'usine, en exigeant, pour les relâcher, des propositions du PDG "pour débloquer la situation".
Selon Michel Beltran, délégué CFDT, les trois cadres "bien qu'un peu stressés", ont été "bien traités". "On leur a donné à boire et à manger, et même apporté des croissants", a souligné le syndicaliste. Avant que les cadres aient finalement quitté les lieux, M. Beltran s'est adressé aux salariés devant le bâtiment, où un cercueil portant l'inscription "Depalor, 1973-2013" a été installé sur un monticule de particules de bois. "On n'a pas tout gagné, on n'a pas tout perdu", a-t-il résumé, précisant que la reprise du dialogue avec la direction pourrait avoir lieu dès jeudi, ou vendredi. Ce dialogue "est la seule solution possible pour sortir du marasme dans lequel on est plongé depuis plusieurs semaines", a souligné le syndicaliste.
Toutefois, "si on doit mettre en place de nouvelles actions, nous sommes suffisamment déterminés et on n'hésitera pas une seule seconde", a-t-il prévenu, évoquant notamment la possibilité que les employés aillent manifester leur colère sur d'autres sites du groupe Krono, à Sully-sur-Loire (Loiret), en Suisse, en Allemagne ou en Pologne. Les salariés demandent que la direction les informe sur "la valorisation ou la reprise potentielle du site", dont 60% n'a pas été détruit lors de l'incendie.