La création d'un statut médical à l'hôpital n'apaise pas la colère des sages-femmes

La création d'un statut médical pour les sages-femmes à l'hôpital, annoncée mardi par la ministre de la Santé Marisol Touraine, n'a pas apaisé la "colère" d'une partie de la profession qui a décidé de poursuivre son mouvement entamé en octobre.

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Après plusieurs semaines de concertation, trois manifestations et une grève de plus de quatre mois, la ministre a donc tranché : les sages-femmes auront un statut médical à l'hôpital mais resteront fonctionnaires, contrairement aux médecins. Ce statut médical s'inscrira au sein de la Fonction publique hospitalière, a affirmé Mme Touraine. Il permettra de reconnaître pleinement le caractère médical des compétences des sages-femmes, de leur travail et de leur rôle au sein des établissements de santé.

Le collectif de sages-femmes, à l'origine d'un mouvement entamé le 16 octobre, a aussitôt exprimé sa colère et annoncé la poursuite de ses actions.
A son appel, plusieurs milliers de sages-femmes ont défilé à trois reprises à Paris pour réclamer la création d'un statut comme celui des médecins (praticien hospitalier), et la sortie de la Fonction publique.

Elles ont également fait grève, sans entraîner de grandes perturbations, puisqu'elles peuvent être assignées pour assurer les soins aux patientes. Il y a une assemblée générale ce mercredi à Paris et d'autres en régions pour voir comment durcir les actions, a affirmé Caroline Raquin, membre du collectif. Marisol Touraine n'a rien déclenché, rien provoqué pour changer les choses. On ne va pas se taire, ça suffit, a-t-elle ajouté. La CFTC, qui soutient le collectif, a comparé dans un communiqué la création de ce statut à un "cautère sur une jambe de bois".

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La création d'un statut médical pour les sages-femmes à l'hôpital, annoncée mardi par la ministre de la Santé Marisol Touraine, n'a pas apaisé la "colère" d'une partie de la profession qui a décidé de poursuivre son mouvement entamé en octobre.

Avancées sans précédent

Interrogée sur cette colère persistante, la ministre a déclaré ne pas comprendre la démarche et les propos qui sont tenus, lors de l'émission Mardi politique de RFI, avec Libération et l'AFP. Elle a estimé que des avancées sans précédent avaient été annoncées et appelé les sages-femmes à regarder concrètement les avancées qui peuvent être réalisées. La revendication du collectif ne fait toutefois pas l'unanimité, puisque l'intersyndicale de sages-femmes hospitalières (CGT, CFDT, FO, Sud, Unsa et UNSSF) s'oppose à la sortie de la Fonction publique, synonyme pour elle de précarisation. Des syndicats de médecins ont également estimé que l'émancipation des sages-femmes risquait de désorganiser les maternités.

A l'issue de ces annonces, l'intersyndicale a salué une "victoire",  tout en soulignant que la question du statut ne devait pas faire "diversion" alors que la rémunération des sages-femmes est "indécente". La ministre a détaillé un plan comportant cinq mesures qui marque selon elle "une véritable rupture dans la place et le rôle donnés aux sages-femmes". Une concertation s'engagera en avril sur la rémunération de ces professionnelles, dont le salaire débute à 1.400 euros nets: "Je me suis engagée à ce qu'elles soient mieux rémunérées", a-t-elle rappelé.

De nouvelles responsabilités leur seront confiées : elles pourront ainsi gérer une unité physiologique (accouchements moins médicalisés) au sein des établissements ou assurer des missions d'intérêt général sur leur temps de travail, comme les médecins. Leurs actes bénéficieront d'une cotation spécifique : jusqu'à présent, un acte - comme un accouchement - réalisé par une sage-femme était i auprès de l'assurance maladie comme s'il avait été effectué par le médecin. Les étudiants en maïeutique de 4e et 5e année verront leur niveau de rémunérationaligné sur celui des médecins.
Enfin, une campagne de communication à destination du public et des professionnels de santé sera lancée pour rappeler le rôle des sages-femmes : Beaucoup de nos concitoyennes ne savent pas qu'elles peuvent consulter une sage-femme pour la contraception ou pour le suivi de prévention, a expliqué Mme Touraine.

Ce qui compte, ce n'est pas de savoir si on est praticien hospitalier, c'est-à-dire si on a le statut de médecin des hôpitaux alors qu'on n'est pas médecin. Mais (c'est de savoir) si on a la reconnaissance pleine et entière de ses compétences : c'est chose faite, je suis certaine que les sages-femmes l'entendront.

Marisol Tourraine
Ministre des Affaires sociales et de la Santé

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