Le mouvement national de grève contre le pacte de responsabilité a été lancé ce mardi par plusieurs syndicats : FO, la CGT, FSU et Solidaires. A Strasbourg ce matin, près d'un millier de personnes ont manifesté. Ils étaient 400 à Mulhouse.
Dans le cortège strasbourgeois, des fonctionnaires, des retraités, ou encore des intermittents. Près d'un millier de personnes ont répondu à l'appel à la mobilisation interprofessionnelle des syndicats.
Le reportage de G. Fraize- C. Peyrot - N. Meyer - J. Li - L. Guigues. Interviews : Jacky Wagner, secrétaire général CGT 67 - Jean-Jacques Touchard, secrétaire général adjoint FO 67
Mouvement national
A cinq jours des municipales, la CGT, FO, la FSU et Solidaires appellent mardi les salariés à descendre dans la rue contre le pacte de responsabilité, pièce maîtresse de la nouvelle politique de François Hollande, sur fond de vives tensions avec les syndicats signataires du pacte. Plus de 140 manifestations et rassemblements, couplés à des arrêts de travail, sont prévus dans le pays, à l'occasion de cette journée d'action pour l'emploiet les salaires, selon la CGT.
A l'origine de cette mobilisation, Jean-Claude Mailly appelle à combattre ce "pacte de complaisance", qui ne prévoit "rien" en termes d'emplois en contrepartie des 30 milliards d'euros de baisses de charges concédées aux entreprises. Malgré la proximité avec le premier tour des municipales dimanche, il affirme toutefois se situer uniquement dans "un registre social et syndical".
Patronat "assisté"
Thierry Lepaon (CGT) est revenu à la charge mardi matin contre le "pacte d'irresponsabilité", accusant le patronat d'être "assisté" par le gouvernement, pointant "les 200 milliards d'aides" déjà "versées tous les ans au patronat, soit dix fois le déficit des caisses de retraite". "On demande au gouvernement de retirer ce pacte", a expliqué Annick Coupé, porte-parole de l'union syndicale Solidaires alors que le gouvernement prévoit d'engager en avril sa responsabilité devant le Parlement sur ce projet.La journée d'action s'est greffée sur une mobilisation des salariés des caisses de Sécurité sociale contre de nouvelles baisses d'effectifs, à l'appel de tous leurs syndicats, y compris la CFDT et la CFE-CGC. Ils défileront en tête du cortège parisien. Outre le privé, les quelque 5 millions de fonctionnaires sont également invités à battre le pavé pour dénoncer "les conséquences désastreuses" pour le service public des 50 milliards d'économies prévues d'ici 2017, notamment pour financer le pacte. Des écoles et des crèches pourraient ainsi être affectées par le mouvement.
Du côté des politiques, le Parti de gauche a appelé à "se mobiliser puissamment derrière les syndicats". Le NPA sera aussi dans la rue à Paris. Le numéro un du PCF, Pierre Laurent, qui défilera également, a qualifié le pacte de "fuite en avant un peu irresponsable".
Division syndicale
Les divergences sur le pacte ont aggravé les clivages syndicaux: le front de refus s'en est pris avec virulence aux réformistes - CFDT, CFTC, CFE-CGC - qui ont paraphé le 5 mars un accord avec le patronat sur les contreparties du pacte, mettant le projet sur les rails. Thierry Lepaon a dénoncé "une mainmise presque idéologique" du gouvernement sur les signataires tandis que Jean-Claude Mailly décelait un "côté syndicat officiel" à la CFDT.
La division syndicale, "elle existe, il faut en tenir compte", a d'ailleurs reconnu le dirigeant de la CGT mardi. "Mais l'objectif, c'est le rassemblement car les grandes conquêtes sociales ont eu lieu quand les syndicats ont réussi à se rassembler". "Il ne s'agit pas de lancer des mots durs, mais de reconnaître qu'il y a des positionnements franchement opposés", a noté Annick Coupé. Les réformistes ont riposté: Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a dénoncé ceux qui "restent au bord de la route, qui commentent, et qui finalement n'apportent pas grand chose". Très remontée, la CFTC a "réaffirmé haut et fort sa totale indépendance à l'égard des partis".