Invité-surprise du groupe de réservistes appelés la semaine passée par Didier Deschamps en vue du Mondial-2014, le milieu de terrain Morgan Schneiderlin se satisfait pleinement de son statut de petit nouveau en équipe de France: "être en A, c'est déjà le Graal", assure-t-il.
"Quand vous arrivez en taxi, que vous voyez les marches du "Château" (le bâtiment réservé aux A de l'équipe de France, ndlr), vous réalisez ça, tout le chemin parcouru. C'est une nouvelle dimension", décrit le joueur né il y a 24 ans en Alsace, à Zellwiller.Pour les journalistes présents lundi à Clairefontaine en ce premier jour de rassemblement, cette rencontre avec Schneiderlin devait permettre de connaître un peu mieux un joueur dont la réputation a mis du temps à passer la Manche. Il a posé ses crampons à Southampton en 2008, à 18 ans à peine, après deux saisons de vaches maigres à Strasbourg (5 matches en L1). Pourtant le milieu, qui se dit aussi "à l'aise pour jouer en sentinelle devant la défense qu'en box-to-box" (impliquant de se projeter vers l'avant, ndlr), était loin d'être un inconnu pour Deschamps et son staff, qui avaient en mémoire ses passages en sélections de jeunes (des moins de 16 ans en 2004 aux Espoirs en 2010), et le surveillaient "depuis plusieurs mois", selon le sélectionneur.
Car Schneiderlin, élu meilleur joueur de Southampton la saison écoulée, est un élément dont la cote a monté ces derniers mois en Premier League anglaise. Il y est devenu un milieu de terrain redoutable et redouté, aussi prompt pour aller au combat que pour s'en extirper avec son volume et sa technique de jeu au-dessus de la moyenne. Toutes proportions gardées, un profil à la Patrick Vieira auquel Didier Deschamps ne pouvait qu'être sensible.
Zidane l'idole, Gerrard le modèle
S'attendait-il à être appelé en Bleu, lui dont le patronyme, quelque peu écorché par le sélectionneur mardi dernier, a dû être "googlisé" par une partie de la France du football? "Pour être totalement honnête, trois semaines auparavant, non. Mais à partir du moment où j'ai été préconvoqué, j'ai regardé avec attention cette liste de je ne sais combien de joueurs et j'y ai cru." Il ne boude clairement pas son plaisir de toucher son "Graal", Schneiderlin, qui compte profiter de ces dix jours à côtoyer les Bleus pour "essayer de prendre un max de plaisir, progresser et s'entraîner aux côtés de grands joueurs".Si Deschamps fait du "bon état d'esprit" à avoir dans la vie de groupe une condition sine qua non de sa réussite, le nouveau-venu ne devrait d'ailleurs pas le décevoir. Attend-il désormais qu'un des 23 se blesse, à l'image du gardien numéro 2 Steve Mandanda samedi, depuis remplacé par Stéphane Ruffier, pour lui prendre sa place ? "Pas du tout, ce n'est pas dans ma mentalité, ce serait contre l'esprit du groupe. Les réservistes, on sait qu'on est là pour s'entraîner l'espace de quelques jours. On se tiendra prêt s'il arrive malheur à quelqu'un, mais on ne le souhaite à personne." Lucide, Schneiderlin sait que ses chances de voir le Brésil sont aussi minces que celles de disputer l'Euro-2016 en France sont désormais crédibles. "Si je n'ai pas l'occasion de faire la Coupe du monde, ça sera la prochaine étape, mon prochain objectif", confirme, serein mais déterminé, celui qui idolâtre Zinédine Zidane "qui a presque tout gagné", mais a pour modèle Steven Gerrard "qui se donne à fond à chaque entraînement".
