Procès Walter : deuxième journée consacrée aux plaidoiries des parties civiles

Plus de six ans après le décès à l'hôpital d'un adolescent, emporté par une fracture de la rate après 2 jours d'agonie, le chirurgien qui l'avait pris en charge s'est défendu lundi, à la barre du tribunal de Strasbourg, de toute faute ou manquement. La parole était aux parties civiles ce mardi.


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Au deuxième jour du procès, les parties civiles ont été auditionnées. Mercredi, le procureur donnera ses réquisitions.

Le reportage de C. Poure, Ph. Dezempte et M. Heyer. Interviews de Thierry Walter, Père de Maxime et Me Bernard Alexandre, Avocat de Raphaël Moog


Le Dr Raphaël Moog, 46 ans, spécialisé en chirurgie pédiatrique viscérale à l'hôpital de Strasbourg-Hautepierre, est jugé jusqu'à mercredi pour "homicide involontaire". La justice lui reproche d'avoir trop tardé à pratiquer l'ablation de la rate du jeune Maxime Walter, 15 ans, qui se l'était fracturée en septembre 2008 lors d'une violente chute à VTT.

Le reportage de C. Poure - P. Dezempte - C. Singer. Interviews : Me Bernard Alexandre, avocat du Dr Raphaël Moog - Thierry Walter, père de Maxime

Selon plusieurs expertises, ce geste, s'il avait été pratiqué plus tôt, aurait pu sauver le jeune garçon. En présence de la famille -qui mène depuis des années un combat judiciaire et aurait souhaité que le chirurgien soit renvoyé devant les assises pour "homicide volontaire"-, le prévenu a fait part, lors d'un propos liminaire, de sa compassion. "L'ensemble de notre équipe a été très affectée" par cette issue fatale, a-t-il assuré. "Nous faisons tout notre possible pour sauver la vie des enfants qui nous sont confiés", a-t-il ajouté. Sur le fond cependant, le praticien n'a, à aucun moment, indiqué qu'il regrettait ses choix thérapeutiques.

"La plupart des études (scientifiques) concernant les enfants insistent sur l'intérêt du traitement non-opératoire", c'est-à-dire que le chirurgien doit "essayer de garder la rate", un organe utile dans le système immunitaire, a exposé le Dr Moog. "Ça ne me paraissait pas être un traitement risqué" car ce choix correspondait aux "recommandations d'usage", a-t-il soutenu. L'adolescent, qui souffrait d'une importante hémorragie interne, avait été abondamment transfusé, mais son état avait empiré d'heure en heure. Selon le Dr Moog, c'est une mauvaise coagulation chez le jeune patient qui a été "l'élément majeur" de l'évolution défavorable.

"Médecine par téléphone"

Les débats se sont longuement attardés sur le fait que le jour de l'accident -un dimanche-, le prévenu était d'astreinte à son domicile et avait attendu plusieurs heures avant de se rendre pour la première fois au chevet du jeune Maxime. Il n'avait finalement pratiqué l'ablation de la rate que le lundi matin, au lendemain de l'accident, ce qui n'avait pu empêcher le décès. Il a expliqué que, au vu des premières informations qui lui avaient été transmises par l'équipe médicale le dimanche, il avait estimé à distance que le patient était dans un état "stable" et qu'il avait fait confiance à l'anesthésiste qui avait examiné le garçon.

"C'est de la médecine par téléphone!" a ironisé Me Nicolas Fady, l'un des avocats de la partie civile. L'anesthésiste, ainsi qu'une pédiatre, avaient initialement été poursuivis également dans ce dossier, avant de bénéficier d'un non-lieu. Lors d'une astreinte, "on ne peut pas se déplacer chaque fois qu'on nous appelle pour vérifier ce qu'on nous dit", s'est justifié le Dr Moog, très combatif à la barre.

Sur ce point, ses collègues chirurgiens, affectés dans le même service que lui, sont venus le défendre. "Ce sont les personnes sur place qui sont responsables du patient", a ainsi souligné le Dr Isabelle Lacreuse. Quant au chef de service du prévenu, le Pr François Becmeur, il a vanté les qualités d'un "bon médecin" et expliqué qu'il avait lui-même "donné un coup de main" lors de l'ablation de la rate finalement pratiquée sur l'adolescent. Il a toutefois vivement réfuté avoir été obligé d'intervenir pour pallier une éventuelle incompétence du Dr Moog. "Je n'ai pas terminé l'opération, j'ai aidé un peu, c'est tout." Le tribunal doit entendre mardi les auteurs de plusieurs expertises réalisées
pendant l'instruction et qui, selon la partie civile, sont toutes "accablantes" pour le prévenu.
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