Salon de l’autonomie ce week-end, opération Seniors dans la ville le 18 avril à Strasbourg : les "soixante ans et plus" occupent une place prépondérante dans notre société. Et sont autant de consommateurs de choix pour les entreprises, en Alsace comme ailleurs.
Un Alsacien sur quatre a plus de soixante ans. Et ils seront plus de 580 000 dans ce cas d’ici 2030. Si le vieillissement de la population, dans la région comme au niveau national, est d’abord un phénomène de société, il est aussi devenu un enjeu économique majeur. Désormais, on parle de « silver économie », ou « économie argentée », en référence à la couleur des cheveux des personnes âgées.Les entreprises qui participent ce week-end au premier Salon de l’autonomie et de la silver économie au parc des expositions de Strasbourg l’ont bien compris. Dans ce salon, déambulateurs, fauteuils adaptés mais aussi téléphones portables et systèmes d’alarme spécialement conçus pour les personnes âgées sont mis en vente. Longtemps perçue comme moribonde, la vieillesse bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle image. « Avec l’allongement de l’espérance de vie, il y a aujourd’hui une déstigmatisation du handicap et de l’accessibilité », explique Laurence Wagner, de la société OD Santé à l’origine de l’événement. « Avant, une personne était vieille à partir de 50 ans. Aujourd’hui, une personne âgée a 85 ans ou plus », souligne Monique Mai, directrice marketing du Pôle « Offres autonomie » chez Orange, qui a lancé une gamme de produits entièrement dédiée aux seniors.
Un sujet suivi de près par les collectivités
Pourtant l’attrait pour les seniors n’a pas toujours été aussi évident. En 2012, le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC) observe qu’en France les « 50 ans et plus » ont une consommation limitée. Il note la « faiblesse » des politiques publiques pour encourager la consommation de cette classe d’âge, par rapport à d’autres pays comme le Japon ou les Etats-Unis. En 2013, Michèle Delaunay, Ministre déléguée en charge des personnes âgées et de l’autonomie, et l’ancien ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, lancent alors un plan de soutien au secteur.
Le Conseil général du Bas-Rhin peut se targuer d'être en avance sur la question. « Le Conseil général s’est intéressé à la question dès 2008 avec le programme Innovation pour l’autonomie, explique Elise Pasquato, chargée de mission en charge de cette question au sein de la collectivité. On répond à trois enjeux : maintenir au maximum le maintien à domicile des personnes âgées, favoriser le bien vieillir et lutter contre l’isolement ». Le Conseil général choisit les nouvelles technologies comme outils pour repousser l’âge de l’entrée en dépendance des personnes âgées... et encourager les start-ups du secteur à innover.
La "silver économie", nouveau vivier d'emplois ? Au Conseil général du Bas-Rhin, Elise Pasquato estime "qu'il est encore un peu tôt pour tabler sur des chiffres". Mais les jeunes seniors, moins dépendants, plus actifs, représentent une manne financière non négligeable. Dans un rapport, l’Agence de développement économique du Bas-Rhin souligne que cette population « augmente et dispose de ressources » mais reste très hétéroclite. Les jeunes seniors, âgés de 50 à 65 ans, disposent d'un niveau de vie supérieur aux plus jeunes et à leurs aînés. En 2013, une étude du Commissariat général à la stratégie et à la prospective estimait tout de même le chiffre d’affaires de la « silver économie » en France à 16.6 milliards d’euros.
Aller plus loin avec l’infographie : les chiffres du vieillissement en Alsace
