Philippe Richert, président de la Région Alsace, sera du voyage les 15 et 16 avril. Il y sera notamment question du dossier de l'aéroport de l'Euroairport et de la protection sociale des frontaliers.
Les précédents visites officielles de chefs de l'Etat français remontaient à Jacques Chirac en 1998, François Mitterrand, en 1983, et... Armand Fallières en 1910. Autant dire, que celle-ci est attendue de longue date aussi. "Il a pu exister un déficit de relations bilatérales entre la France et la Suisse qui contraste avec l'intensité et la densité de nos échanges humains, culturels, scientifiques, universitaires et bien évidemment économiques", constate-t-on à l'Elysée.
Evasion fiscale
Si la question de l'évasion fiscale a longtemps pesé sur ces relations, le climat s'est "considérablement amélioré" ces deux dernières années, note-t-on encore à l'Elysée où l'on souligne que les "bases sont réellement bien meilleures" même s'il "faut évidemment poursuivre". Après avoir accepté d'échanger, sur demande, les informations concernant les ressortissants français soupçonnés d'évasion fiscale par Bercy, la Suisse s'est engagée à rendre cet échange d'informations automatique à compter de 2018.Contentieux autour de Bâle-Mulhouse
Les relations entre la Suisse et l'Union européenne après la votation du 9 février 2014, par laquelle les Suisses avaient dit "oui" à "l'arrêt de l'immigration de
masse", seront également à l'agenda de la visite du président français. François Hollande devrait en "prendre acte" tout en rappelant l'un des principes
fondamentaux de l'Union européenne, la libre circulation des personnes, ainsi que son attachement aux droits acquis des travailleurs et tout particulièrement des travailleurs transfrontaliers. Quant à l'interminable contentieux fiscal autour de l'aéroport de Bâle-Mulhouse, il devrait faire l'objet d'une "déclaration" qui pourrait être entérinée avant même la visite du président français par les chefs des diplomaties des deux pays. A défaut d'une solution définitive, cette déclaration "fixerait un cadre" pour parvenir à un règlement du contentieux "d'ici à la fin 2015", précise-t-on de source proche du dossier, "l'objectif étant de garantir la sécurité juridique des activités" de l'aéroport et d'assurer son "attractivité pour toute la région". Bien qu'installé sur le sol français, l'"Euroairport" a la particularité d'offrir à certaines entreprises le bénéfice de la législation fiscale helvétique, une exception source de malentendus entre les deux pays.
A l'avant-garde de la croissance verte
Du côté de l'Elysée, on met en exergue les "trois axes" de cette visite: l'investissement, la croissance verte et l'apprentissage. François Hollande et la présidente en exercice de la Confédération, Simonetta Sommarruga, parleront ainsi investissements avec les milieux d'affaires franco-suisses jeudi en fin de matinée. En matière de croissance verte, la Suisse, souligne-t-on à Paris, est un "modèle" et se situe à l'"avant-garde". Le président Hollande ne devrait donc pas manquer de le souligner alors que la France accueillera en décembre une conférence mondiale décisive sur le climat pour laquelle elle nourrit de grandes ambitions. Ce thème sera jeudi au coeur de visites du président français auprès de Ernst Schweitzer, une entreprise championne du "clean tech" et de l'Ecole polytechnique de Lausanne mais aussi d'un échange vocal avec Bertrand Piccard, le pilote suisse de Solar Impulse, l'avion révolutionnaire tout électrique engagé dans un tour du monde.
150 000 travailleurs frontaliers français
Quant au troisième axe, la formation professionnelle et l'apprentissage, il s'agit là aussi d'un "modèle d'excellence" de la Suisse qui rejoint "une priorité forte"
du président Hollande, selon l'Elysée. Une rencontre avec la communauté française au Centre Paul Klee de Berne mercredi soir sera l'occasion pour François Hollande d'évoquer les 150.000 travailleurs transfrontaliers qui rejoignent quotidiennement la Suisse, avec en toile de fonds les thématiques du Grand Genève, des infrastructures de transport ou du logement. Et la visite s'achèvera jeudi en fin d'après-midi par une rencontre avec le président du Comité international Olympique. Thomas Bach, alors que la Ville de Paris est depuis lundi officiellement candidate à l'organisation des JO d'été de 2024.