Ils arrivent groupés, toujours à la même époque : les martinets noirs sont arrivés en Alsace depuis la fin avril. Ils vont y passer trois mois pour y pondre leurs petits. Ils en repartiront, toujours en horde, autour du 25 juillet. Direction l'Afrique.
Son cri strident est reconnaissable entre tous, surtout quand ils sont des centaines à piailler en même temps. Le martinet noir voyage toujours en bande, c'est d'ailleurs à cela qu'on le reconnaît. Chaque année, ces oiseaux migrateurs venus d'Afrique subsaharienne posent leurs plumes pour trois mois en Europe.
Dix mois de vol sans se poser
Si l'on excepte cette période de nidification, le martinet noir ne se pose pas. C'est une de ses caractéristiques. Il est capable de voler des mois sans se poser sur une branche. Son large bec lui permet de manger tout en volant: les insectes s'y engouffrent tout naturellement. Quand à ses nuits de sommeil, il n'en a pas vraiment. Il prend simplement de la hauteur, 1.500 ou 2.000 mètres et se repose dans les couloirs ascendants. On pourrait comparer cela à nos siestes flashs.
Oiseaux grégaires de la famille des apodidés, ils volent en groupe et nichent en colonies. C'est ce qu'ils viennent faire chaque année en Europe. On en trouve de la Méditerranée à la Scandinavie entre avril et juillet.
Entre 4.000 et 8 000 couples viennent nidifier en Alsace
Ces dernières années, les martinets se sont très bien adaptés aux hommes et surtout à leurs bâtiments où ils aiment nicher. Appréciant les températures plus élevées de la ville, ils y trouvent en prime des insectes à portée de bec. Ils nichent dans des petites anfractuosités, inaccessibles aux prédateurs. Leur nid est sommaire : un peu de mousse, quelques brindilles et surtout de la salive pour colmater l'ensemble, histoire que les oeufs ne roulent pas.
Chaque femelle pond entre deux et quatre oeufs. Le mâle et la femelle se relayent pour couver pendant vingt jours. Après éclosion, les petits vont passer quarante jours dans leur nid. Les parents vont les nourrir et même les gaver avant de les abandonner. Pendant que les adultes regagnent les pays chauds, les petits vont passer quelques jours encore dans leur nid. Finalement tiraillés par la faim, ils se jettent dans le vide et s'envolent. Chose étonnante : les petits connaissent le chemin du retour!
Vivre en ville, c'est bien mais risqué
L'adaptation citadine des martinets les place malgré tout sous le coup d'une double menace: les bâtiments ont tendance à être de plus en plus calfeutrés ce qui empêche les martinets de faire leurs nids. Autre problème: les variations climatiques ont engendré une raréfaction des insectes. Moins de gîte et moins de couvert, qui sait combien ils seront dans dix ans à venir séjourner en Alsace?
Nicolas Buhrel, chargé de mission à la Ligue de Protection des Oiseaux note un phénomène de plus en plus fréquent: des petits martinets sont retrouvés par terre. Oiseau thermophile, le martinet aime le chaud; mais quand le mercure grimpe trop haut, les petits sautent hors du nid trop tôt. Leurs plumes ne sont pas assez étoffées et ils s'écrasent au sol. Un conseil, si l'oiseau est encore vivant, il faut impérativement l'apporter à la LPO qui le soignera avant de la relâcher.