Avec un nombre croissant de femmes maires en Alsace, la région étoffe son réseau d'élues au féminin. Un réseau qui s'épaule et travaille ensemble, notamment grâce à l'association "EluesLocales". Nathalie Ernst, maire de Barr et Cécile Delattre, maire d'Oberhausbergen, ont font partie.
Elles ont toutes les deux embrassé pleinement la vie politique, la quarantaine venue, avec l'envie "de nouveaux défis dans la vie" : en 2015, Nathalie Ernst et Cécile Delattre sont élues conseillères départementales, dans les cantons d'Obernai et de Hoenheim, dans le Bas-Rhin. "La parité imposée lors de cette élection a été déterminante, c'est un tournant pour moi et pour beaucoup de femmes", lance Nathalie Ernst, qui voit cette mesure comme l'opportunité de montrer que les femmes peuvent prendre des responsabilités. "Je n'envisageais pas de faire de la politique. Je n'aimais pas ce mot. Et j'ai mis un an à réellement endosser le costume d'élue. C'est en agissant, en étant à l'origine d'actions menées dans l'aménagement, dans le tourisme, que j'ai assumé."
Avec l'envie de prendre davantage de responsabilités encore. En 2018, la carrière politique de Cécile Delattre s'accélère, lorsqu'à la faveur d'une élection municipale anticipée, celle qui était alors adjointe devient maire de sa commune. Elle sera rééelue au premier tour le 15 mars 2020, date à laquelle Nathalie Ernst entame, à 45 ans, son premier mandat de maire de Barr. L'une et l'autre sont désormais femmes politiques à temps plein : Nathalie Ernst a laissé derrière elle sa carrière dans les ressources humaines et Cécile Delattre, le milieu bancaire.
Le réseau EluesLocales pour travailler ensemble
Deux femmes aux destins croisés, donc, qui partagent aussi une vision de la politique au féminin. Dès 2015, elles adhèrent toutes les deux au réseau "EluesLocales", une association née trois ans plutôt d'un constat simple : "les hommes politiques ont du réseau, des connaissances. Les femmes avaient besoin de se créer le leur. Quand on est nouvelle élue, femme en plus, il faut aller chercher les contacts, les réseaux. Faire doublement ses preuves", affirme Nathalie Ernst. "Moi, je n'ai pas vraiment trouvé de mentor en politique, renchérit Cécile Delattre. Et quand je suis arrivée au conseil départemental, le réseau est devenu nécessaire pour faire le poids face à ces hommes déjà bien installés. Dans cette association, j'ai trouvé de l'entraide, de l'écoute, de la bienveillance. Nous sommes là pour partager et travailler ensemble."Entre femmes élues, venues de tous horizons, partout en France, il n'y a pas de rivalité, de compétition (...) On se soutient dans les moments difficiles, on s'épaule, on échange des informations, sans aucun tabou.
Toutes deux sont unanimes : "il n'y a pas de compétition entre nous, nous sommes très solidaires, expose Cécile Delattre. Peu importent les étiquettes politiques, les implantations géographiques. Quand l'une a un problème, elle trouve la réponse chez ses collègues dans les cinq minutes. On dit qu'il n'y a pas d'amis en politique, mais c'est faux. Dans cette association, nous sommes plus que des collègues."
Capables aussi de se dire les choses quand l'une ou l'autre commet une erreur. La communication fonctionne à plein, facilitée par les moyens modernes. "Nous avons un fil whatsapp qui fonctionne en permanence, et de façon très efficace", explique Nathalie Ernst. "Nous pouvons nous dire des choses très franchement, que nous ne dirions peut-être pas à des hommes. Il y a toujours de la bienveillance", complète sa collègue.
On me demande : "Mais tu es sûre que tu pourras tout faire ? Tu n'as pas ta famille à gérer aussi ?" C'est quelque chose que l'on ne demanderait jamais à un homme.
Une solidarité encore nécessaire, dans un monde si longtemps masculin. "Je n'ai pas ressenti le poids d'être une femme pendant la campagne des municipales, reconnaît la nouvelle maire de Barr. Mais maintenant que je suis candidate à la présidence de la communauté de communes, les vieux réflexes reviennent. On me demande : "Mais tu es sûre que tu pourras tout faire ? Tu n'as pas ta famille à gérer aussi ?" C'est quelque chose que l'on ne demanderait jamais à un homme. Les journées ont 24 heures, j'ai arrêté mon travail, donc oui, j'ai autant de temps qu'un homme."