C'est l'aboutissement d'un projet de huit ans. Les premières tiges de forage sont entrées en action ce jeudi sur le site de la centrale géothermique d'Illkirch avec pour objectif de fournir, d'ici 2020, du chauffage et de l'électricité à 15.600 logements alentours.
Vissées les une aux autres, les tiges de forage d'une longueur de 10 mètres chacune s'enfoncent lentement dans le puits. Ça y est, ce jeudi, la tour de forage a démarré son long travail à la centrale de géothermie profonde d'Illkirch avec pour objectif d'atteindre 3.000 mètres de profondeur et ainsi chercher de l'eau à 150 °C.
Une énergie renouvelable qui permettra d'alimenter, d'ici 2020 et la mise en service de la centrale, 13.000 logements en chauffage et 2.600 en électricité. "La ville d'Illkirch a pour ambition de devenir une ville à énergie positive et nous devons être à la hauteur des défis énergétiques" nous a confié Claude Froehly, le maire de la commune, qui se dit impatient de voir les bâtiments du Parc d'innovation et du nouvel éco-quartier raccordés aux 15 kilomètres de réseau de la centrale.
Il faut dire que le projet a été long. Enquête publique, cartographie du sous-sol pour en connaître toutes les composantes, surveillance sismologique sont autant d'étapes qu'il a fallut franchir pour voir aboutir l'installation, cet été, de la tour de forage qui creusera les puits nécessaires.
"Nous sommes à 713 mètres", autour du site les foreurs s'activent. Ils iront jusqu'à 3.000 mètres de profondeur pour le premier puits dans lequel l'eau sera captée et réitéreront l'opération pour le deuxième puits dans lequel l'eau sera réinjectée après en avoir extrait les calories nécessaires pour produire de l'énergie renouvelable. Un projet audacieux pour Robert Herrmann, président de l'Eurométropole de Strasbourg, pour qui la transition énergétique doit être accélérée. "Nous devons réussir à combiner développement économique, modernité et écologie" poursuit-il avant d'assurer que la centrale géothermique contribuera à la compétitivité de toute la région.
"Nous sommes allés en Islande, pays pionnier, pour nous assurer que la technologie était maîtrisée" et elle l'est pour l'ES de Strasbourg qui accompagne la ville d'Illkirch. L'ES qui, après Soultz-sous-Forêt et Rittershoffen, en est à sa troisième installation de centrale de géothermie profonde. Une technique qui, selon l'entreprise, évite le rejet de 11.000 tonnes de CO2 par an soit l'équivalent de l'émission annuelle de 4.500 véhicules.
Une technique exploitable dans les zones de roche naturellement faillées, comme dans le fossé rhénan qui est très encadré. Sur le site d'Illkirch six stations sismologiques ont été installées pour mesurer toutes vibrations éventuelles et pour éviter toute pollution de l'eau, quatre tubes d'acier isolés entre eux par du ciment protégeront la nappe phréatique. Les forages des puits vont se poursuivre jusqu'à fin 2019, pour une mise en service de la centrale en 2020.