"Fardeau fiscal", "injuste", "le consommateur paiera" : la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR) ne mâche pas ses mots pour qualifier la nouvelle écotaxe, prévue pour fin 2026. Le but annoncé par la collectivité est de s'aligner avec l'Allemagne, où cette taxe existe déjà. Les professionnels estiment pourtant que dans un contexte d’inflation, ils n’auront d’autre choix que de répercuter ce coût sur les clients.
La Collectivité européenne d'Alsace dit vouloir “résister” face à l’afflux massif de camions allemands. Outre-Rhin, les poids lourds doivent payer une taxe - la LKW Maut - et empruntent massivement les routes alsaciennes - gratuites - afin de faire des économies. Une taxe de 15 centimes d’euros par kilomètre parcouru serait donc envisagée pour la fin de l'année 2026 afin de répondre à ce déséquilibre.
"Le problème que rencontre la collectivité est celui des poids lourds allemands qui se sont reportés sur le réseau français", explique Michel Chalot, coprésident de la FNTR Alsace. "
Économiquement on se tire une balle dans le pied
Michel Chalot, co-président de la FNTR
Selon lui, il s'agirait purement et simplement d'un impôt indirect : "Comme la collectivité sait qu'elle n'aura pas d'argent de l'Etat, elle cherche ses propres recettes. En l’occurrence, il s’agira de 64 millions d’euros. Sauf qu’à la fin, c’est l'économie régionale et le consommateur alsacien qui paieront cette taxe…”
Dans une étude d'impact de 163 pages, la collectivité précise avoir fait "le choix d’un scénario de réseau taxé restreint aux grands axes Nord-Sud [afin de] limiter l’impact sur les acteurs locaux".
L'étude évalue notamment l'hypothèse d'une répercussion intégrale du coût de la taxe sur les clients : “le secteur du commerce de gros (...) serait le secteur dont les prix augmenteraient le plus (...) devant le secteur de fabrication des boissons et le secteur du commerce de détail."
Le R-Pass dissuadera-t-il vraiment les camions étrangers d’emprunter les routes alsaciennes ?
“En août, l’augmentation a été de 30% par rapport à l’an dernier, rappelle Jean-Philippe Maurer, vice-président de la Collectivité européenne d'Alsace. Ce n’est pas anecdotique.”
L'objectif de la mesure est avant tout logistique : la collectivité souhaite désengorger les routes alsaciennes.
“Le kilomètre est taxé à 34 centimes en Allemagne, précise Michel Chalot. Ça restera toujours avantageux de venir du côté alsacien !" Pour lui, la collectivité "met le pied dans la porte" avant d’augmenter encore cette taxe à l’avenir.
Michel Chalot l'assure, les professionnels n'auront d'autre choix que de répercuter ce coût supplémentaire sur les clients. “On devra négocier cette répercussion voyage par voyage avec nos clients. On plonge vers l'inconnu..."
Jean-Philippe Maurer tente d'apaiser : "Toutes les recettes seront consacrées à la dépense publique. Cet argent sera investi en Alsace, il n’ira pas ailleurs. Cela permettra notamment d’améliorer le réseau routier ou même d’accompagner l’économie alsacienne".
Une réunion est prévue entre la FNTR Alsace et la collectivité en octobre, avant que la décision ne soit votée et donc définitivement entérinée.