Affaire Naomi Musenga : l’opératrice du Samu mise en examen pour non-assistance à personne en danger

Six ans après le décès de la Strasbourgeoise Naomi Musenga, moquée par le Samu et prise en charge trop tardivement, on apprend que l’opératrice qui avait pris son appel a été mise en examen pour "non-assistance à personne en danger".

L'opératrice du Samu qui avait raillé au téléphone Naomi Musenga, retardant la prise en charge de cette jeune femme morte fin 2017 à l'hôpital de Strasbourg, a été mise en examen pour "non-assistance à personne en danger", a indiqué le parquet à l’AFP ce vendredi 12 janvier.

Le magistrat instructeur a mis "en examen du chef de non-assistance à personne en danger (...) l'opératrice du Samu qui avait réceptionné les deux appels" de Mme Musenga, âgé de 22 ans, a précisé la procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi.

Une mise en examen signifiée à la suite d’une audition le 14 février 2023 mais que l’on apprend onze mois plus tard.

Renvoi devant le tribunal correctionnel

Le parquet indique également avoir requis, en décembre dernier, le renvoi de l’opératrice devant le tribunal correctionnel. "Si le magistrat instructeur suit les réquisitions, le tribunal sera saisi dès que possible de ce dossier", indique la procureur de la République.

Cette mise en examen et ces réquisitions interviennent après des années d'instruction, une longueur qui a souvent désespéré les proches de la jeune femme.

"La famille de Naomi attend depuis plus de six ans une audience", avance l'avocat de la famille, Maître Jean-Christophe Coubris. "Cette mise en examen a été source de soulagement, avec le sentiment que la justice travaille efficacement, même si elle le fait avec son rythme qui est parfois mal apprécié ou mal compris par les familles."

Et l'avocat d'ajouter auprès de France 3 Alsace que l'opératrice sera "probablement" la seule présente sur le banc des accusés en cas de procès. "Dans les objectifs de la famille de Naomi, il y avait la volonté que l’opératrice soit poursuivie mais il y avait aussi la recherche d’une responsabilité pénale du corps médical et de tous ceux qui sont intervenus dans sa prise en charge. Après plusieurs rapports d’expertise, il n’a pas été possible de retenir cette faute pénale. Le parquet a récemment décidé de suggérer d’écarter l’homicide involontaire. C'est malgré tout une déception".

Jointe par téléphone, Louange, la sœur de Noémie Musenga, se contente de réaffirmer la nécessité de la tenue d’un procès. "Courant 2024, ce n'est pas un voeu pieux", rajoute  Maître Coubris.

"J'ai très mal au ventre", "J'ai mal partout", "Je vais mourir..."

Mère d'un enfant de 18 mois, Naomi Musenga est décédée le 29 décembre 2017 à l'hôpital de Strasbourg après avoir été prise en charge avec "un retard global de près de 2H20", selon un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas).

Son appel de détresse avait soulevé une énorme vague d'indignation après la diffusion des échanges avec l'opératrice dans les médias et sur les réseaux sociaux.

"J'ai très mal au ventre", "J'ai mal partout", "Je vais mourir...", soufflait Naomi, peinant à s'exprimer. "Oui vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde", avait rétorqué, moqueuse, la régulatrice. Suspendue, celle-ci ne travaille désormais plus au CHU, selon Me Coubris.

En mai 2018, à l'occasion d'une interview téléphonique accordée à la presse, cette dernière avait déclaré ne pas vouloir "porter le chapeau pour le système", avant d'ajouter : "on est sous pression en permanence, on travaille 12 heures. En tout cas à Strasbourg, on travaille 12 heures d’affilée. Ce sont des conditions de travail pénibles. Je peux rester deux ou trois heures accrochée à mon téléphone parce que je peux pas me lever, tellement ça déborde de partout. Quand on passe en procédure dégradée parce qu’il y a beaucoup plus d’appels que de monde pour les gérer, on n’arrête pas. On raccroche et on décroche. On raccroche et on décroche."

Une première expertise, combattue avec force par la famille de la jeune femme, avait conclu à un décès consécutif à une "intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours". Mais une deuxième expertise avait réfuté les conclusions de la première, évoquant un accident vasculaire digestif ayant entraîné une hémorragie.

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