Depuis ce mercredi 12 janvier, le port du masque FFP2 devient obligatoire dans les commerces, les restaurants, les musées et les bibliothèques du Bade-Wurtemberg. Cette nouvelle contrainte surprend et agace clients et employés. Reportage à Kehl, ville frontalière avec Strasbourg.
Impossible de les rater, deux affichettes blanches collées sur les portes vitrées du magasin Woolworth, sorte de grand bazar situé au cœur de la zone piétonne de Kehl en Allemagne. "Zutritt nur ffp2 Masken", peut-on y lire. Pas difficile à comprendre, pour accéder au magasin, il faut un masque FFP2.
C’est la nouvelle règle dans le Bade-Wurtemberg depuis ce mercredi 12 janvier. Elle s’applique à tous les adultes de plus de 18 ans dans tous les commerces, les restaurants, les musées et les bibliothèques. Dans les transports, le simple masque chirurgical reste autorisé.
Encore faut-il le savoir. "Vous pouvez acheter un masque et le mettre immédiatement", rassure l’employée postée à l’entrée du magasin. C’est elle qui scanne les pass sanitaires –obligatoires dans ce magasin dit « non essentiel »-, vérifie les identités et désormais contrôle le port du FFP2. Les bacs de masques sont stratégiquement placés à l’entrée du magasin et se vident à vue d’œil. 50 centimes pièce, un euro, les deux. Les clients défilent et passent en caisse sans broncher. La plupart ne connaissent pas la nouvelle réglementation et la plupart sont Français.
Des clients surpris et sceptiques
"Je ne savais pas", affirme Léa "au travail, je ne porte que ça donc ça ne me pose pas de problème mais aujourd’hui, j’en ai pas, j’ai dû en acheter un et en plus, il pue, je suis dégoutée".
Idem pour Tiffany venue faire ses courses avec ses deux enfants. "J’étais surprise, je n’en ai pas entendu parler et puis ça sert à rien, on est tous vaccinés. Le masque, on l’enlève, on le remet, on ne se désinfecte pas les mains, ça ne va pas nous protéger du Omicron."
C’est du délire, bientôt il faudra un casque et une combinaison pour faire ses courses.
Un client alsacien
Si la nouvelle règle est scrupuleusement respectée chez Woolworth, elle ne l’est pas partout. Un peu à l’écart de la rue principale, le « City Center Kehl », un centre commercial. Pour accéder au tabac, il faut un pass sanitaire valide. En revanche, pas besoin de FFP2. Pourquoi ? "Parce qu’on ne sait pas, on ne sait plus", réplique l’une des employées. La lassitude se lit dans son regard, elle-même ne porte pas de FFP2 mais un masque chirurgical. "C’est le premier jour de mise en application, on n’a eu aucune information de notre boss. Un jour, c’est comme ci, un autre, comme ça, c’est trop compliqué et puis les règles sont différentes pour les clients et les employés".
Même constat à l’étage chez DM, une droguerie prisée des Français pour ses prix réputés avantageux. Ici aussi, les employés portent exclusivement des masques chirurgicaux, quant aux clients, c’est bigarré : FFP2, chirurgical et même tissu. L’obligation du FFP2 est pourtant affichée à l’entrée du magasin. Un client se justifie "On a failli rebrousser chemin quand on a vu l’affiche mais on s’est rendu compte que les employés n’avaient pas de FFP2 donc on est rentré, qu’ils osent nous faire une réflexion, je les attends ! C’est du délire, bientôt il faudra un casque et une combinaison pour faire ses courses."
Jusqu'à 250 euros d'amende
Les employés ne feront rien et pour cause : "En ce premier jour d’application, il y a une tolérance mais dès demain, le FFP2 sera obligatoire" explique une caissière. Et que risque-t-on ? "Si vous ne portez pas de FFP2, la police peut vous mettre une amende". Jusqu’à 250 euros. Plutôt dissuasif. Les employés, eux, ne sont pas soumis à la même réglementation. "Si on porte un masque FFP2, on est obligé de faire une pause de 40 minutes toutes les deux heures, c’est impossible, on a trop de travail". Une différenciation qui ajoute encore à la confusion ambiante. Contactée, la direction de DM ne nous a pas confirmé cette disposition.
"C’est contradictoire toutes ces règles et puis c’est très anxiogène, on se sait plus ce qu’il faut faire, on va quand même en profiter pour acheter des FFP2" explique une cliente alsacienne. "Ce sera une première pour nous, on n’en met jamais mais l’obligation va arriver en France, c’est sûr, on sera prêts", glisse-t-elle.