Alsace : journées de lutte contre le SIDA à partir du 1er décembre, "une maladie dont on ne parle pas assez"

Mercredi 1er décembre marquera la journée mondiale de lutte contre le VIH. A cette occasion, de nombreuses actions de dépistage et de sensibilisation sont organisées en Alsace où 66 nouvelles contaminations ont été détectées en 2020.

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6.000. C’est le nombre de nouvelles contaminations au VIH chaque année en France. Au total, 150.000 personnes seraient porteuses du virus de l’immunodéficience humaine et 25.000 l’ignoreraient encore. C’est dans ce contexte national qu’aura lieu mercredi 1er décembre 2021, la journée mondiale de lutte contre le Sida.

Un rendez-vous annuel dont l’importance est cruciale "pour alerter sur la maladie dont on ne parle pas assez mais aussi pour promouvoir les outils de dépistage et de prévention qui existent", affirme le docteur Jakub Kowalczyk.

Spécialisé dans le suivi du VIH, le praticien officie notamment au centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CEGIDD) de l’hôpital Emile Muller de Mulhouse. Un lieu mobilisé dans les jours à venir en participant à diverses actions de sensibilisation. Notamment lors d’un temps fort prévu samedi 4 décembre en partenariat avec l’ASPTT Mulhouse Volley, lors de l'avant-match contre Venelles à 20h au Palais des sports.

66 nouvelles contaminations en Alsace en 2020

Des évènements ponctuels, coup de poing, en plus d’un travail de fond mené tout au long de l’année avec quelques 3.000 dépistages réalisés. En 2020, pour la première fois, la courbe de résultats positifs s’est inversée. Sur 144 nouveaux diagnostics recensés dans le Grand Est contre 215 en 2019, 10 l’ont été à Mulhouse. 49 à Strasbourg et 7 à Colmar. La plupart des séronégatifs ont entre 40 et 49 ans. Mais gare au leurre.

"Ce chiffre ne reflète pas la réalité", prévient Jakub Kowalczyk. La crise sanitaire, avec ses confinements et restrictions de déplacement, aurait ralenti les tests réalisés à l’hôpital mais aussi en pharmacie, laissant passer des malades sous les écrans radars.

"De manière générale, il y a plutôt une stagnation de la situation et c’est dommage parce que nous avons sommes de mieux en mieux armés dans la lutte contre le VIH. Il existe un traitement préventif contre le virus, la Prep. Le dépistage peut se faire maintenant chez les médecins traitant, il y a également une expérimentation de dépistage au laboratoire sans ordonnance qui devrait être généralisée et qui permet un plus grand nombre de résultats. La prévention s’est aussi accrue avec les préservatifs remboursés. Et puis dorénavant, les traitements des personnes déjà infectées permettent de stopper la contamination. Malgré tout cela, les chiffres ne diminuent pas", déplore le professionnel de santé. En cause, une conjonction de facteurs.

"On espérait un déploiement et un recours massif au traitement préventif, mais ce n’est pas le cas. Quant à la généralisation des dépistages en laboratoire elle devrait intervenir plus vite. Et puis il y a la place de la médecine de ville dans la détection du VIH. Les médecins traitants sont en première ligne, encore faut-il en avoir un, qui n’est pas à 100km, qui n’est pas débordé. Pourtant c’est important. On ne peut pas déléguer la lutte qu’aux structures hospitalières", argumente ce dernier.

 

Il y a encore énormément de préjugés

Aline Primus

Association Aides

En quarante années de combat contre le sida, les avancées sont réelles mais encore trop lentes. Un constat partagé par l’association Aides. Sur le plan médical mais pas seulement.

"Il y a encore beaucoup de préjugés concernant les personnes séropositives. Que ce soit au travail, au niveau de l’accès à la santé, de la vie familiale. Il y a encore des personnes qui ne savent pas que si les malades prennent un traitement, ils ne peuvent plus transmettre le virus. Aujourd’hui certains séropositifs nous disent que ce n’est pas le VIH qui leur fait plus de mal, mais le regard des autres", déplore Aline Primus, de l’association Aides Alsace.

Selon un sondage réalisé par l’association, 25 % des français se déclarent gênés de travailler avec une personne séropositive, 33 % des dentistes sondés ont des pratiques discriminatoires à l’encontre des personnes séropositives, 81 % des français pensent à tort que les femmes séropositives enceintes peuvent transmettre le virus à leur enfant, 79 % des personnes séropositives de plus de 50 ans disent rencontrer des problèmes financiers.

"Faire bouger les lignes", reste donc d’actualité. Mais le VIH serait-il devenu malgré tout une maladie invisible ? "A l’époque, on en parlait beaucoup. C’était un enjeu de santé publique, déclaré grande cause nationale. Aujourd’hui ce n’est plus vraiment le cas et c’est normal car on n’en meurt plus forcément si on est sous traitement", justifie la jeune femme qui met en garde. "Il ne faut pourtant pas banaliser les choses. La banalisation amène à ce que les gens ne se dépistent pas".

L’année dernière 4 personnes sont décédées du VIH dans le Grand Est. Pour sensibiliser les populations à risques mais aussi et surtout le grand public, les locaux d’Aides seront ouverts à tous ce mercredi 1er décembre.   

Les autres actions à Mulhouse 

  • Mercredi 1er décembre de 11h30 à 14h au Resto Universitaire de l’IUT (UHA-61 rue Albert Camus). Informations et échanges avec les étudiants.
  • Samedi 4 décembre à partir de 18h au Palais des sports. Opération sensibilisation contre le VIH, en partenariat avec l’ASPTT Mulhouse Volley, lors de leur avant-match contre Venelles à 20h au Palais des sports. Information – sensibilisation – animations avec la participation de Aleos, AIDES, Planning Familial 68, La ligue contre le cancer, CEGIDD, IFSI, CRCDC. 
  • Mercredi 8 décembre de 17h à 20h à l’association AIDES (19a rue Engel Dollfus). En partenariat avec le CEGIDD. Sensibilisation et dépistage.             
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