Le gouvernement a adopté ce mercredi 26 mai une ordonnance accordant à l'Alsace la possibilité de taxer le transport routier afin de le "rééquilibrer" avec l'Allemagne. Une taxe qui n'entrerait pas en vigueur en Alsace avant 2024 ou 2025.
La collectivité européenne d’Alsace a désormais les coudées franches pour taxer certains véhicules grâce à une ordonnance adoptée par l’Etat ce mercredi 26 mai. C’est ce qu’a expliqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l'issue du Conseil des ministres : "Ce texte donne latitude à la collectivité européenne d'Alsace pour fixer une taxe sur certains véhicules à un taux qu'elle déterminera."
Le porte-parole du gouvernement souligne que "cette ordonnance illustre aussi le principe de différenciation qui est au coeur de notre action, de notre approche pour les territoires."
Une bonne nouvelle pour la CEA
La CEA (Collectivité européenne d'Alsace) a récupéré en début d’année la gestion de certains tronçons routiers souhaitait lutter contre l'afflux de poids lourds sur l'A35. Au printemps déjà, les députés avaient donné leur aval à la mise en place éventuelle d'une "contribution" poids lourds dans les régions qui le souhaitent, une mesure clivant et critiquée à droite, qui a dénoncé le "retour de l'écotaxe" abandonnée en 2014.
"Je ne m’inquiète pas plus que ça, réagit Laurent Dupuy, président de Transports Dupuy à Killstett (Bas-Rhin). Cela ne veut pas dire grand-chose pour l’instant. Est-ce qu’ils vont taxer tous les transporteurs ? Et aussi les véhicules propres ? Nous en 2020 on a rentré nos premiers véhicules au gaz, et pour 2021 on a pour objectif de n’avoir plus que des véhicules GNL (gaz naturel liquéfié). Est-ce qu’ils vont taxer les entreprises plus propres que d’autres ? Est-ce juste le transit sur notre territoire qui sera payant ? C’est encore trop flou."
"Nous si on nous ajoute une taxe, on n’est pas en capacité de survivre. Les transporteurs ont été suffisamment sinistrés par l’ouverture des frontières. Et si on peut répercuter une taxe quelque part, c’est finalement le consommateur qui devra payer."
Oui en Bourgogne Franche-Comté, non en Bretagne
Cette décision d’une écotaxe régionale est soutenue par plusieurs régions : l’Ile-de-France de Valérie Pécresse (ex-LR), la Bourgogne-Franche-Comté de Marie Guite-Dufay (PS) ou encore la Nouvelle-Aquitaine d’Alain Rousset (PS). Elle rencontre en revanche l'hostilité de la Bretagne, là où est née la fronde des bonnets rouges. En Alsace, cette taxe ne sera appliquée qu'à partir de 2024 dans le meilleur des cas.