Pour faire face à l'explosion annoncée des factures énergétiques, les piscines bas-rhinoises ont dû revoir leur copie. Pas sûr que tout le monde puisse faire des longueurs cet hiver.
"Je peux pas, j'ai piscine!" : il faudra sans doute trouver une autre excuse cet hiver dans certains secteurs du Bas-Rhin. Pour faire face à l'explosion des coûts de l'énergie, les piscines bas-rhinoises adaptent leurs offres.
Plages horaires réduites, baisse des températures, fermeture de bassins ou même de la piscine : chacun fait en fonction de ses moyens.
Privés de piscine
Les adaptations mises en place depuis l'été dernier pour faire baisser la facture (baisse de la température, réduction des éclairages, suppression des créneaux d'ouvertures les moins fréquentés) ont abouti à une économie de 15% sur les dépenses énergétiques. C'est bien mais pas suffisant pour envisager de faire tourner la piscine cet hiver.
Les élus de la Communauté des communes de la vallée de la Bruche ont tranché le 21 novembre 2022 : Boiséo, la piscine de La Broque gérée par le groupe Récréa, sera fermée jusqu’au 31 mars 2023 à compter du 19 décembre prochain.
La mesure est drastique mais inéluctable : " Sur les 100 piscines gérées par le groupe Récréa, c'est la seule qui fermera totalement", précise Aurélien Michel, son directeur, "c'était le scénario le moins coûteux. Cette fermeture temporaire nous permettra de faire 60% d'économies sur les parties énergétiques".
En même temps, Boiséo se prive de ses nageurs : ils étaient 22.093 à venir faire des longueurs ou barboter dans les bassins entre janvier et mars 2022. La date de validité des cartes d'abonnement sera reportée au prorata du nombre de jours fermés.
Les séances de natation scolaire seront repoussées au troisième trimestre. Quant à l'école de natation, un planning de rattrapage d'une dizaine de séances sera proposé au 134 jeunes nageurs.
Les 12 salariés seront mis en chômage partiel, certains pourront être reclassés temporairement dans d'autres piscines du groupe.
Aurélien Michel compte faire de cette période de fermeture "une période de réflexion pour trouver des solutions d'économies pérennes à mettre en place au plus vite".
L'exploitant de la piscine table malgré tout cette année sur une fréquentation de 100.000 personnes.
Pas de fermeture mais on traque les économies
Aucune fermeture en revanche dans l'Eurométropole : "Cà n'est du tout d'actualité!", s'exclame Vincent Debes. L'adjoint à la maire de Strasbourg en charge des équipements sportifs a dans son giron les huit piscines de l'Eurométropole : Schiltigheim, Wacken, Kibitzenau, Ostwald, Lingolsheim, Hardt, Robertsau et Hautepierre.
Il reconnait néanmoins "qu'avec les augmentations de 400% pour le gaz et de 300% pour l'électricité, il est évident que nous devons aller vers de la sobriété".
Dans ces établissements, certaines mesures sont déjà sur rail : "Les températures des bassins ont été abaissées à 27° pour les bassins sportifs et polyvalents, 28° pour les bassins d'apprentissage. Pour les douches, on a réduit de 4 degrés, autrement dit on se douche aujourd'hui avec une eau à 37° ce qui reste supérieur malgré tout aux douches des piscines allemandes!".
Il rappelle aussi les travaux récents : l'isolation au centre nautique de Schiltigheim, le remplacement du rouleau isolant à la piscine du Wacken. A l'avenir, d'autres travaux seront engagés pour remplacer toutes les sources lumineuses par des leds et installer des détecteurs de présence.
Vincent Debès explique que "chauffer l'eau et l'air, c'est énergivore mais qu'il ne faudrait pas oublier que le traitement de l'eau l'est aussi." Pour réduire son traitement, le port du bonnet de bain va être petit à petit imposé.
Son thermomètre, ce sont les utilisateurs : "Jusqu'à présent, ils nous suivent. les nageurs savent les efforts que chacun doit consentir". Pour le moment, pas question de toucher au prix du ticket : "Il reste à 4,50 euros, sachant que la collectivité en met trois plus sur la table pour chaque ticket vendu".
Vincent Debes reconnait du bout des lèvres que l'augmentation du prix de l'électricité annoncée pour janvier pourrait faire bouger les lignes : "On étudiera les évolutions budgétaires. A ce jour, aucune décision n'est prise".
L'objectif fixé est de réduire de 15 à 20% la consommation énergétique des piscines de l'Eurométropole. Un premier bilan sera fait en fin de premier trimestre.
Ouverture, rénovation et sérénité
Du côté de Nautiland à Haguenau, pas de gros changements en perspective pour les habitués. Daniel Clauss, le directeur du site, rappelle que la rénovation récente du bâtiment et les 17,5 millions d'euros injectés permettent de voir arriver les factures plus sereinement.
"Notre machinerie a été entièrement refaite et le contrat que nous avons passé avec Engie devrait nous permettre d’absorber les coûts. Nous sommes, par ailleurs, rattachés à la chaufferie bois municipale ce qui est une source potentielle d’économie énergétique", explique le président de la société d'économie mixte du Nautiland.
Il précise tout de même que la température de l’eau a été abaissée de 1 degré mais qu’à 27°, cela reste tout à fait agréable. La température dans les vestiaires n’a pas bougée.
L’accès à la rivière sauvage sera limité aux mercredis, week-ends et congés. Le reste de la semaine, elle sera fermée. Cette petite privation ne devrait pas faire de grosses vagues.