Seconde guerre mondiale : le camp de concentration nazi du Struthof raconté par des youtubeurs passionnés d’histoire

Le collectif de youtubeurs passionnés d’histoire, Mamytwink, vient de mettre en ligne un documentaire consacré à l’histoire du Struhof, seul camp de concentration nazi en France. Un travail sérieux à destination des 18-35 ans et plus.

Cela fait plus de 10 ans qu’ils sont identifiés sur la toile grâce à leur chaîne Youtube. Mamytwink, alias Julien Aubrée, Florian Henn et François Calvier, est un collectif de passionnés d’histoire.

Réunis dans un premier temps autour de la passion du jeu vidéo , puis de l’exploration des lieux historiques, les trois hommes se sont lancés dans le documentaire historique. Même chaine, même nom de pseudo mais un contenu de plus en plus sérieux et documenté.

Leur série "Histoire de guerre", riche de presque 50 épisodes, vient de s’enrichir d’un nouveau numéro consacré au camp de Natzweiler-Struthof, seul camp de concentration nazi en France.

Deux jours de tournage, trois mois de travail

"D’habitude", explique Julien Aubrée, "nous travaillons sur la base d’images d’archives. Pour ce numéro, nous sommes allés sur place pour tourner in situ les plateaux d’ouverture et de conclusion, ainsi que les vues aériennes".

Très bien accueilli par l’équipe du CERD, le Centre européen du résistant déporté, le collectif a passé deux journées sur place début novembre 2022. 

"Le fait d’avoir pu tourner sur les lieux, cela change l’approche. Les images de drone permettent de ressentir cette montagne, ces paysages grandioses qui deviennent terrifiants quand on y rajoute l’histoire et la mémoire de ce qui s’y est déroulé", explique Julien Aubrée.

Le CERD n'a pas eu de droit de regard mais "on a été vraiment bien accompagné. Le travail s'est fait en bonne intelligence", reconnait avec enthousiasme Julien Aubrée.

La petite dans la grande histoire

Pour rendre l'histoire accessible au plus grand nombre, le collectif procède toujours un peu de la même façon : il part d'une "petite histoire" et déroule ensuite la pelote pour arriver à l'inscrire dans la grande histoire.

"Nous partons toujours d'une anecdote ou d'un fait insolite ce qui va capter l'attention", explique Julien Aubrée. Dans le cas présent, tout démarre avec les investigations du professeur Raphaël Toledano en 2015 .

A l'institut de médecine légale de Strasbourg, celui-ci découvre "deux éprouvettes renfermant le contenu de l'intestin et de l'estomac d'une victime et un galet matricule utilisé lors de l'incinération des corps" au camp de concentration alsacien de Natzweiler-Struthof. Ces restes appartiennent à plusieurs des 86 victimes d'un projet de "collection de squelettes juifs" voulu par August Hirt.

Julien Aubrée et ses amis remontent ensuite la piste tragique et locale. Dans leur documentaire de trente minutes, ils évoquent les conditions de vie (ou de survie), la chambre à gaz, le four crématoire, les expérimentations. 

Chaque mot, chaque phrase est scrupuleusement choisie : "Nous travaillons avec un historien, Patrick Godfard, qui nous relit systématiquement notre script et nous aide à être le plus exacts possible. Nous voulons faire un travail qui soit pertinent sur le long terme".

Passeurs d'histoire?

Les personnes qui ont connu les heures terribles du camp de Natzweiler-Struthof disparaissent un à un, du fait de leur grand âge. Le collectif Mamytwink a bien conscience qu'en dehors de l'Alsace et de la Lorraine, leur histoire est trop souvent méconnue et qu'il faut perpétuer la mémoire. 

Pour autant, ils ne se voient pas comme des passeurs d'histoire : "Nous sommes avant tout des passionnés d'histoire. Ce que nous faisons relève de l'humilité, du respect, de la réflexion et de la mémoire".

Toujours est-il qu'ils touchent un public de 18-35 ans et c'est précisément cela qui a intéressé le CERD. Son directeur, Guillaume d'Andlau, explique : "Cà n'est pas la première fois que nous accueillons des Youtubeurs. Nous avons déjà reçu Tibo InShape suivi par presque 9 millions d'abonnés. Il faut aller chercher le public là où il est pour faire passer le message et la mémoire". Quitte, parfois, à devoir batailler avec certains historiens.

Sur le documentaire signé par Mamytwink, Guillaume d'Andlau se dit satisfait et reconnait que c'est "un très bon travail". Même satisfecit de la part des abonnés : "L'ajout du tournage rend l'expérience plus organique et encore plus passionnante!", "Je pensais regarder un documentaire d’une chaîne de télévision. Il est d’une qualité absolument irréprochable" ou encore "Merci pour ce partage de mémoire. Vous faites un travail d'utilité publique".

Le collectif, qui sort en moyenne un documentaire par mois, est déjà reparti sur d'autres projets liés, cette fois-ci, à la Guerre froide.

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