Décédé ce dimanche 3 octobre 2021, Bernard Tapie, l'homme d'affaires, a surtout marqué l'Alsace pour avoir racheté Adidas en 1990. Il a licencié plus de 450 personnes peu de temps après, puis revendu la marque aux trois bandes à sa banque partenaire, le Crédit Lyonnais, trois ans plus tard.
Ce dimanche 3 octobre 2021, tous les journaux télévisés français ont ouvert en annonçant la mort de Bernard Tapie. Homme d'affaires, homme politique, acteur, chanteur, homme de théâtre, passionné de sport et notamment de foot, ce Parisien a également marqué l'Alsace d'une façon particulière. En octobre 1990 - il était alors ministre de la ville - il a annoncé le rachat d'Adidas, réalisé quelques semaines plus tôt. La filiale française du groupe allemand d'équipements sportifs est alors implantée dans le village de Landersheim. Les liens entre les 2000 habitants avec cette entreprise sont quasiment fusionnels.
Quelques mois plus tard, le couperet tombe. Des restructurations et des suppressions de postes sont annoncées, mettant les salariés des sites de Dettwiller, Pfaffenhoffen et Landersheim en difficulté. Des grèves et des manifestations se succèdent dans la région, près de 500 emplois sont finalement supprimés et deux ans plus tard, seul le siège social de Landersheim existe encore. C'est là qu'en juin 1992, l'homme d'affaires, spécialisé dans l'achat et la revente d'entreprises, présente en quelque sorte ses excuses aux salariés du groupe. Mais peu de temps après, Adidas est revendu à des investisseurs privés et au Crédit Lyonnais, la banque de Bernard Tapie. Une revente contestée par l'homme d'affaires devant les tribunaux durant 25 ans.
Du temps où Bernard Tapie dirigeait Adidas, il emmenait ses invités au célèbre hôtel restaurant-gastronomique "l'Auberge du Kochersberg". Des personnalités du monde entier sont venues à Landersheim en ce temps-là. C'était une époque dorée pour la commune. A la tête de l'auberge, oeuvrait Patrick Klipfel. Aujourd'hui il se souvient de l'homme d'affaires qu'il a reçu à deux reprises. Une fois très brièvement et une fois, où il a eu l'occasion de l'observer de plus près. Bernard Tapie était venu en Alsace en jet privé. "Il est arrivé au restaurant, accompagné de financiers, d'hommes et de femmes d'affaires." se souvient l'ancien directeur de l'établissement. "Il les a tous laissés passer devant lui, a ralenti et s'est tourné vers moi. Son staff lui avait dit "Si à Landersheim, tu as le moindre souci, tu demandes Patrick." Et c'est ce qu'il a fait."
De la concentration et les affaires exclusivement
"Il était sympathique, mais j'ai pu voir combien il était concentré et tout à son affaire." Même face à une excellente table, devant des mets délicieux, il est resté l'homme d'affaires. "Nous nous étions donné beaucoup de peine pour l'accueillir à l'Auberge. Souvent après leur déjeuner ou dîner au restaurant, les invités de marque passaient en cuisine, ou demandaient à remercier le chef. Lui, non" se souvient avec regret l'ancien directeur de l'Auberge. Fonceur, décidé, imperturbable, comme toujours lorsqu'il s'était fixé un objectif, des qualités que lui reconnaissent même ses détracteurs à l'heure où il disparait. Le jugement qui oppose le Crédit Lyonnias à Bernard Tapie doit être connu ce mercredi 6 octobre. L'homme d'affaires, décédé ce dimanche 3 octobre, n'en connaitra pas l'issue.