Boom de la course à pied, le phénomène s'amplifie : "c'est le dépassement de soi, toujours viser plus haut"

Alors que le circuit de trails le plus prestigieux du monde, l'ultra-trail du Mont-Blanc, réunit en Alsace plus de 6 000 coureurs entre le 17 et le 20 mai, force est de constater que l'attrait pour la course à pied, en montagne ou sur route, ne cesse de s'amplifier : + 40% d'inscrits en moyenne dans les épreuves régionales.

Ils sont 700 à s'être élancés de Colmar (Haut-Rhin) vendredi 17 mai à 20h pour le 100 miles, soit 171 km à parcourir pour boucler l'épreuve-reine du trail Alsace Grand Est by UTMB, 2e édition de l'étape alsacienne de l'ultra-trail du Mont-Blanc.

700 courageux à affronter une, voire deux nuits d'efforts, sur les sentiers viticoles rendus boueux par la pluie, et dans les forêts qui mènent aux plus prestigieux châteaux de la région. 19 ascensions au total qui les auront fait grimper 6 300 mètres de dénivelé positif, et arriver à Obernai (Bas-Rhin), pour les plus rapides, après 18 heures de course, et bien au-delà pour les autres, au plus tard dimanche midi, soit 40 heures après leur départ.

Un véritable défi, mais qui effraye de moins en moins tant la pratique du trail se démocratise. Cette édition 2024 réunit au total plus de 6 000 coureurs, sur les quatre distances proposées - le trail des Chevaliers (171 km), celui des Païens (116 km), des Celtes (50 km) et enfin des Pèlerins (34 km).

300 courses organisées en Alsace

Le dimanche précédant, les courses de Strasbourg ont dépassé la barre des 10 200 participants. Sur route comme en montagne, les adeptes trustent les épreuves régionales. Il y en a quelque 300 organisées en Alsace cette année, qui enregistrent en moyenne une augmentation de 40% de nombre d'inscrits. Et le phénomène n'est pas près de s'arrêter si l'on considère que 90% des coureurs ne sont pas licenciés et se contentent d'une course officielle par an.

Leurs objectifs ? "Moi, j'ai fait du foot pendant longtemps, alors quand on arrête, il faut se maintenir en forme", soutient ce quadragénaire, rencontré sur la ligne de départ d'un trail de 25 km organisé en cette mi-mai à Beblenheim (Haut-Rhin). Pour preuve, cet autre participant a 79 ans... et court toujours, en prenant le temps de savourer "un parcours magnifique". "Ça fait du bien au moral !" s'exclament de concert deux amies venues se dépenser ensemble ce dimanche-là au milieu du vignoble. Nettement plus jeune, ce coureur cherche "à faire encore mieux, un meilleur temps et des meilleures performances", pour parvenir "au dépassement de soi".

De quelques kilomètres pendant le Covid à la participation à une course 

Autant de raisons que de runners donc, qui expliquent pourquoi tant de monde s'est mis à courir. Pour l'organisateur des "Perles du vignoble" de Beblenheim, qui a vu le nombre d'inscrits dépasser les 630, contre 400 l'an passé, l'engouement s'explique aussi par l'attrait pour "les événements en pleine nature".

Le prestataire de chronométrage Sportkrono, qui intervient sur 150 courses dans la région, porte donc un regard de connaisseurs sur ce phénomène de société. "Certaines personnes qui se sont lancées dans cette activité au moment du Covid, avec la limite du kilomètre autour du domicile, ont aujourd'hui envie de passer le cap, avance Marie-Claire Rueff, cogérante de Sportkrono. Ils veulent voir ce que ça donne avec un dossard."

L'accent mis sur le sport santé incite peut-être aussi davantage de gens à se challenger

Marie-Claire Rueff, spécialiste du chronométrage des courses

Une émulation qui profite aussi aux spécialistes de la discipline. "Moi, je recherche les courses où il y a un petit peu de monde, où les boucles permettent de repasser deux fois au même endroit, de profiter de l'atmosphère. Aller faire un semi (21 km, NDLR) tout seul en forêt, je peux le faire chez moi à l'entraînement, mais là, je profite de l'engouement, ça me porte", explique Loïc Perdomini, deuxième de l'épreuve des 5 km sur route de Colmar.

Un engouement stimulant, et donc toujours plus d'inscrits : le cercle vertueux fonctionne... et pour le rester, l'accent est mis par de nombreux organisateurs sur le respect de l'environnement : incitation au covoiturage pour venir sur les événements, réflexion sur la gestion des bouteilles plastiques, limitation et ramassage des déchets... Si courir est à la base une activité 100% non-polluante, c'est tout un écosystème qui mérite de le devenir autour de ces épreuves qui ne cessent de se développer. 

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