Confinement et coronavirus : WhatsApp, Messenger et autre Skype sur la place des villages d'Alsace

Durant cette période de confinement, les habitants des villages ne disposent plus que des outils numériques pour garder le contact avec l’extérieur. Coupés de leur entourage, beaucoup se mettent aux appels vidéo. Exemples dans le secteur des Trois Frontières, tout au sud de l’Alsace.
 

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En ce moment, en Alsace comme partout ailleurs, les rues sont vides. Les habitants des villages, qui d’ordinaire, se rencontrent à la supérette du coin ou s’invitent les uns chez les autres, se retrouvent isolés chez eux. Pour garder le contact avec leurs familles et amis, ces habitants ne disposent désormais plus que d’un seul moyen : les "nouvelles" technologies. Depuis le début du confinement, on assiste à une véritable explosion numérique. Les appels sur WhatsApp ont plus que doublé, dans les pays les plus touchés par le coronavirus. Messenger, autre propriété de Facebook, enregistre une hausse de 70% du nombre d’utilisateurs d’appels en groupe. Des moyens de communication au grand succès : faciles à télécharger et à utiliser, ces applications ont aussi l’avantage d’être gratuites. La fréquence, mais aussi la durée des conversations a augmenté : à l’échelle mondiale, le temps passé sur ces appels vidéo a doublé*.
 

Il a fallu attendre le confinement pour faire un appel vidéo !
Eva Kastner, étudiante


Parmi les usagers, beaucoup de jeunes, comme Eva Kastner, 22 ans. "En moyenne, je fais un Skype tous les deux jours", confie-t-elle. La jeune femme se trouve en confinement chez ses parents à Kappelen, près de Saint-Louis (Haut-Rhin). Elle est revenue de New-York, où elle a passé son année à étudier dans une école de commerce, le 23 mars. Rentrée de manière précipitée à cause du coronavirus, elle continue de voir ses camarades de classe français par des appels vidéo. "Alors qu’on était tous ensemble, on a dû partir en l'espace de deux jours. On est éclatés aux quatre coins de la France. Forcément, on est nostalgiques", explique Eva. Alors les apéros virtuels par WhatsApp ou Messenger, elle les multiplie depuis son retour. "Maintenant que je suis à nouveau sur le même fuseau horaire que mes amis, c’est beaucoup plus simple de s’appeler. Pendant tout le temps où j’étais à New-York, on n’a pas fait un seul appel vidéo avec mes amies du collège, il a fallu attendre le confinement !".
 

Généralement, Eva se délecte d’un cocktail, lors des appels. "Les skypes permettent de reprendre le rituel de l’apéro. On fait la même chose, mais au lieu de se retrouver en face, on se retrouve sur le net. Cela permet de partager un bon moment, en prenant des nouvelles et en voyant d’autres gens que ceux avec qui on est confinés", dit-elle en riant. Une manière de retrouver ses amis,  alors même qu’ils sont tout proches. "Certains habitent dans mon village. Cela fait 10 mois que je ne les ai pas vu, c’est frustrant de savoir qu’ils ne sont pas loin mais que je ne peux pas les voir." Pour autant, "c’est un moindre souci. On a le privilège de se dire qu’on est tous là, en bonne santé. On se verra après le confinement", relativise Eva. 


Voir son proche qui vit dans un EHPAD malgré le confinement

Les appels vidéo, loin d’être un passe-temps, deviennent indispensables dans certaines situations. De plus en plus d’EHPAD mettent ces outils en place pour permettre aux résidents et leurs familles de communiquer, à défaut de se voir. C’est le cas des EHPAD sur Saint-Louis. Le directeur, Damien Schirck, a pris cette décision le 12 mars, quelques jours après l’injonction de restreindre les visites au sein des établissements. "Cette période de confinement nous fait prendre des initiatives, on se demande pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt. On a démarré quelque chose de très bien, il faut qu’on le maintienne, une fois que le confinement sera levé", estime-t-il.

Sur les deux sites à Saint-Louis (la maison du Lertzbach et la résidence Blanche de Castille), plus de la moitié des 145 personnes âgées ont déjà appelé des proches en vidéo. Deux animatrices s’occupent de passer les appels. Une nécessité, en ces temps difficiles. Avec plusieurs pensionnaires atteints de coronavirus et six décès au 1er avril, les résidents sont confinés dans leur chambre depuis plusieurs semaines au sein de la maison du Lertzbach. Une situation qui inquiète Christine Reymann, dont le père vit dans l’établissement. "J’ai vu papa pour la dernière fois le 3 mars. Je ne sais pas si je le reverrais…" La distance avec son père lui est d’autant plus difficile à supporter qu’elle a été imposée subitement. "Le mardi, en partant de l’EHPAD, je lui ai dit "à vendredi" car j’avais l’habitude de passer tous mes vendredis après-midi là-bas, avec lui. Le jeudi, on a reçu un mail annonçant un confinement préventif. J’ai bien évidemment compris que c’était essentiel mais c’est dur, de ne plus voir la personne".
 


C'est un peu comme si on était tous autour d'une table
Christine Reymann, dont le père vit dans un EHPAD
 

Son père, Jean Reymann, 88 ans, angoisse du fait d’être enfermé dans sa chambre. Alors les appels en visioconférence sont une manière de s’échapper et de garder le lien. "Je l’appelle depuis mon jardin, je lui montre les fleurs. En tant qu’ancien jardinier, ça lui parle tout de suite ! Nous avons même fait un appel groupé à quatre. J’ai vu qu’il était heureux de nous voir, chacun dans son environnement familier. Ça lui a fait du bien, c’était un peu comme si on était tous autour d’une table", observe Christine Reymann. Ces réactions positives sont également remarquées par les animatrices. "Les résidents ont besoin de voir leurs proches. Beaucoup ont eu les larmes aux yeux lors du premier appel. On voit qu’ils ont tous un grand sourire, ils sont ravis. On le ressent aussi dans leur humeur", témoigne Sabah Ilihem, animatrice à la maison du Lertzbach.

Loin d’être une habitude pour les personnes âgées, certaines ont même découvert l’existence de ces appels vidéo. "L’un des résidents pensait que je lui montrais une vidéo de sa femme. Je lui ai alors expliqué qu’il pouvait lui parler, qu’elle l’entendait et qu’elle lui répondrait. Il était très surpris !", poursuit Sabah Ilihem. La visioconférence permet de garder un lien, mais aussi de rassurer les familles. "Je préfère voir mon père plutôt que de me faire une image de lui en l’ayant au bout du fil. Et puis cela m’aide beaucoup à tenir moralement, durant cette période où on ne sait jamais de quoi le lendemain sera fait", confesse Christine Reymann.


Pour les personnes âgées isolées, des alternatives existent

Si ces résidents en EHPAD ont désormais la possibilité de communiquer avec leurs proches grâce à des appels vidéo, cela n’est pas le cas pour des habitants isolés, souvent âgés. Dépourvus de smartphone, d’ordinateur ou même d’internet, ils sont totalement privés de leur entourage. Si vous voulez communiquer avec des proches qui sont dans ce cas, des alternatives aux messages et autres appels vidéo existent. Parlapapi, par exemple, consiste à envoyer des photos et des petits mots par WhatsApp, qui sont ensuite imprimés et envoyés à vos grands-parents. En ce moment et durant toute la période de confinement, Parlapapi propose gratuitement l’envoi de quatre photos par semaine. Dans le même esprit, Famileo imprime et envoie une gazette aux grands-parents que les membres de la famille conçoivent depuis un ordinateur ou un smartphone. Si au contraire, vous souhaitez connecter vos proches, Familink propose un cadre photo qui reçoit messages, photos et vidéos, directement dans le salon. Et puisque tous les résidents d’EHPAD n’ont pas forcément de contact avec l’extérieur, pourquoi ne pas écrire une lettre à l’un d’entre eux ? Avec 1 lettre 1 sourire, votre message anonyme sera lu dans l’un des 60 EHPAD actuellement partenaires. De quoi donner le sourire durant cette période d’isolement.

*Source : CNET
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