Coronavirus : comment les artistes alsaciens au chômage technique vivent le confinement

Le confinement inspire certains créatifs, en laissent d’autres perplexes. Petit tour d’horizon des artistes alsaciens, en partie dialectophones, entre tournées annulées et inspirations nocturnes.
 

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"C’est terrible. C’est une drogue, le contact avec le public." Au bout du fil, Franck Wolf, saxophoniste bien connu de la scène jazz alsacienne, confie sa petite baisse de moral. Il a annulé plusieurs concerts, prévus en mars, avec Marcel Loeffler et Biréli Lagrène. Sans date de report. Deux autres concerts ont été décalés à septembre. Ils devaient marquer, début mai, la sortie de son album, "Acoustic Five". "J’ai perdu plusieurs milliers d’euros avec toutes ces annulations. Awer s’gibt jo schlimmeres, ich kànn jede Tàà Musik spiele. Je joue tous les jours, et je suis en train de monter un projet pour le festival de la Petite Pierre au mois d’août".
 
Sur sa page Facebook, il a publié une vidéo de lui jouant en duo avec lui-même. N’y voyez pas de schizophrénie, simplement le signe que pour Franck Wolf, la musique, c’est avant tout le partage. Pas d’autre vidéo prévue à ce jour, parce qu’il déplore la qualité médiocre de certaines vidéos musicales, réalisées au smartphone, qui se multiplient sur le net ces temps-ci. Même en ces temps de confinement, le son doit rester bon...
 

Miser sur les plateformes de streaming

Eric Guerrier, ancien membre des Weepers Circus, mise totalement sur la toile. Il vient tout juste de sortir un nouvel album en solo sur les plateformes de streaming et de téléchargement. Son titre : "Alsatia Mythica". Son thème : les légendes anciennes alsaciennes. Comme par exemple, celle du lac souterrain sous la cathédrale de Strasbourg, ou celle de Sainte Odile guérissant un vieil homme de la cécité.
 Le musicien chante en français et en alsacien. "Ich red elsässisch, et j’y suis très attaché. Je me suis inspiré de lectures de légendes médiévales, et je trouvais important de retrouver cet aspect onirique de l’Alsace au-delà des caricatures." Pas de sortie d’album physique pour l’instant, "trop contraignante financièrement". Mais un projet de livre-album qu’il soumet à des maisons d’édition. En attendant une réponse après le confinement...
  

Exister sur Internet ou pas ?

Moins d’effervescence artistique du côté de la comédienne Patricia Weller. "Je fais des choses très simples, prendre des nouvelles de mes proches, faire à manger... la bouffe a un côté très rassurant". La Revue scoute, à Schiltigheim, dont elle est l’un des piliers, a dû s’interrompre d’un coup, le 13 mars dernier. Juste avant le confinement. La troupe a reporté les dates au mois de juillet, mais "les jours passent et on y croit de moins en moins. Et puis, les gens auront-ils envie de rester dans une salle avec plein d’autres personnes?". S’isch nït luschti. Difficile de faire de l’humour en plein milieu de la crise. Même si certains membres de la troupe essaient de réaliser de petites vidéos à mettre sur Youtube.

Patricia, elle, trouve que ce n’est pas grave d’être inexistant sur la toile en ce moment. "J’ai un oncle à l’hôpital. Il entame sa deuxième semaine de réa. Je prends de ses nouvelles au quotidien" Gloups. "Et puis je fais des mots fléchés, niveau 2. Je vais bientôt passer au niveau 3". Rires. On peut tout de même compter sur elle pour tenter de dédramatiser la situation. Même si financièrement, les Scouts accusent le coup. Une partie des billets vendus a été remboursée. Les autres dates restent incertaines... L’agence Acte 5, productrice de la Revue Scoute, estime ses pertes entre 150 000 et 180 000 euros.

Je ne dors pas la nuit, j’écris
- Robin Léon, chanteur et musicien

Il y en a d’autres que le confinement empêche de dormir. Le chanteur de Schlager alsacien Robin Leon, par exemple. "J’écris beaucoup, la nuit".
 
Le jeune artiste préparait une tournée avec l’émission allemande "Immer wieder Sonntags", le concours de chanson populaire qui a lancé sa carrière. "J’y travaillais depuis 3-4 ans... Et puis, je préparais un album. Mais depuis mars, impossible d’aller en studio." Alors Robin prend la plume. Dernière chanson en date, une reprise de Patrick Bruel, avec ces quelques paroles :

« Une chanson d’amour pour les gens du secours
Ils se battent jours et nuits pour sauver des vies
J’sais pas si on leur a trop dit
Mais on leur dit quand même
A tous nos héros - on vous aime... »

A fredonner lors de son prochain concert, prévu en septembre, à Ettendorf, "si tout va bien. D’ici là, nous pourrons à nouveau tous nous serrer dans les bras"...


 
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