Coronavirus : comment nos voisins suisses et allemands font face à la progression de l'épidémie

Malgré une propagation rapide du virus et près de 4.000 cas au jeudi 19 mars, la Suisse n'a pas encore ordonné le confinement à ses habitants. Dans le Bade-Wurtemberg, en Allemagne : les commerces non essentiels et des usines ont aussi fermé, mais les déplacements sont toujours autorisés.

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Contrairement à la France, placée en confinement depuis mardi 17 mars, la Suisse ne l'est toujours pas ce jeudi. Et pourtant, "Il en va vraiment de la survie de nombreuses personnes". C'est avec ces mots que Daniel Koch, responsable de la division maladies transmissibles à l'Office fédéral de la santé publique, a ouvert le point presse organisé jeudi à Berne (voir vidéo ci-dessous) pour insister sur la gravité de la situation engendrée par le coronavirus, dans le pays. Une réunion qui a surtout permis d'établir les premières conséquences économiques de l'épidémie.
 
Les Chemins de fer fédéraux suisses ont ainsi annoncé avoir déjà réduit leur offre de trains car leur fréquentation a parfois chuté de près de 80% sur certaines lignes et ils pourraient être moins nombreux encore si la pénurie de personnel venait à s'amplifier. Le Secrétariat d'Etat à l'économie redoute de voir le chômage progresser à 2,8% dans le pays, contre des prévisions de 2,4% précédemment.

Des chiffres, mais pas de nouvelle mesure pour limiter la propagation du coronavirus. Depuis mardi 17 mars, les Suisses sont invités à rester à la maison, sauf pour travailler, faire les courses ou aider un proche : des recommandations mais pas encore des obligations. Les bars, restaurants, discothèques ou cinémas doivent garder porte close jusqu'au 19 avril au moins et les contrôles aux frontières avec la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Autriche ont été rétablis. Seuls les commerces essentiels (alimentation, services de livraison, restauration à emporter, pharmacies, postes, banques et gares) sont toujours autorisés.

Le gouvernement a édicté des mesures nationales, identiques pour tous les cantons, car "une réaction forte s'impose dans tout le pays", a déclaré lundi en fin d'après-midi la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga.
 

Des Suisses indisciplinés

La Suisse est autrement dit actuellement dans la même situation que la France avant qu'Emmanuel Macron, le président de la République, instaure un confinement de quinze jours au moins depuis mardi 17 mars, midi. Et en attendant, les mêmes comportements irresponsables que ceux observés dans notre pays dimanche 15 mars se multiplient, comme le montre cette vidéo de Telebasel.
 
Les journaux helvètes s'insurgent face à des habitants regroupés au bord du Rhin ou dans la forêt pour partager des repas, sans respecter de distance entre eux. "Des barbecues plutôt que la quarantaine", titrait ironiquement la Basler Zeitung jeudi 19 mars, avant de décrire dans un article "les vélos entassés autour de l'étang d'Allschwil", "des enfants qui construisent ensemble des petites cabanes à partir de branches", "des habitants qui n'ont pas pu résister à la météo printanière".

"Beaucoup de gens ne prennent pas encore la situation au sérieux", raconte un passant en train de faire son jogging et interrogé près du Dreirosenbrücke, un pont sur le Rhin situé en ville de Bâle. "Si plus de monde arrivait encore, je m'en irais. Je ne veux pas prendre le risque d'être contaminé". Et l'article de conclure que ces comportements amèneront probablement "à prendre des mesures plus strictes"
 
Car l'épidémie progresse vite et la Suisse compte près de 4000 cas et une trentaine de morts, comme l'a tweeté l'Office fédéral de la santé publique. 
 
Le conseil fédéral pourrait ainsi annoncer un confinement, comme en France ou en Italie, lors d'une conférence de presse vendredi 20 mars. 
  

Des Allemands libres de circuler

En Allemagne, où la chancelière Angela Merkel considère le coronavirus comme "le plus grand défi depuis la Seconde guerre mondiale" pour le pays, les habitants sont toujours autorisés à se déplacer. Seule la petite commune de Mitterteich, ville de 7.000 personnes en Bavière, a signé un arrêté de confinement de sa population ("Ausgangsperre", interdiction de sortie en allemand).

Dans le Bade-Wurtemberg, juste en face de Strasbourg, les commerces non indispensables sont fermés depuis mercredi 18 mars au matin. Le ministre-président du Land, Winfried Kretschmann, s'est adressé à ses concitoyens pour leur expliquer comment endiguer la propagation du virus : "je suis sûr que si nous prenons nos responsabilités, [...] nous vaincrons ensemble le virus."

Certaines entreprises ou usines ont cessé temporairement leur activité : les ateliers Mercedes de Rastatt et Gaggenau ou encore la plus grosse usine de fabrication de camions Daimler de Wörth, en Rhénanie-Palatinat, avec des conséquences directes pour de nombreux frontaliers qui y travaillent. Winfried Kretschmann a d'ores et déjà demandé à la chancelière Angela Merkel des fonds d'urgence pour les petites et moyennes entreprises qui sont en danger à court terme.
 

L'Allemagne mieux équipée que la France 

L'Allemagne a dépassé jeudi 19 mars les 10.000 cas, avec 10.999 personnes infectées et 20 décès au total, a annoncé l'Institut Robert Koch. Selon le dernier bilan des autorités sanitaires, la France comptait elle 9.134 cas de contamination confirmés et 264 personnes décédées. De quoi évidemment faire réagir : comment expliquer le faible taux de mortalité allemand, par rapport à celui des autres pays touchés par le coronavirus ?
  
Pas de solution miracle, mais quelques explications quand même. A commencer par la capacité de dépistage massive de l'Allemagne : jusqu'à 12.000 tests par jour, réalisés à la fois dans les nombreux laboratoires du pays et dans les "drive" mis en place comme en Corée du Sud ou aux Etats-Unis. Les Allemands peuvent être testés sur demande du médecin généraliste dès les premiers symptômes et donc être isolés très tôt s'ils sont malades. Les risques de contagion sont limités. La France, elle, ne peut pratiquer que 2.500 tests au plus par jour. Seuls les cas graves, dont les morts, sont donc comptabilisés, ce qui fausse le taux de mortalité. Il serait plus faible si le nombre exact de personnes infectées était pris en compte. 
 
L'Allemagne dispose en plus d'un système de santé en "meilleur état" avec notamment deux fois plus de lits hospitaliers en soins intensifs (601,5 lits pour 100 000 habitants en 2017), que la France (309 lits pour 100 000 habitants) d'après les données d'Eurostat.
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