L'Agence Régionale de Santé travaille à une "modélisation" de l'épidémie dans le Grand Est. Selon ses premières estimations, les effets du confinement ne se feront sentir qu'entre le 15 et le 25 avril dans les départements les plus touchés de la grande région, à savoir le Haut-Rhin et le Bas-Rhin.
Mesures de confinement obligent, c'est sous une forme inédite que l'Agence Régionale de Santé tenait une conférence de presse ce mardi 31 mars. Rendez-vous à 16 heures pour une conférence téléphonique avec divers médias de la région. Le directeur de l'ARS, Christophe Lannelongue, a fait un point détaillé de la crise sanitaire dans le Grand Est.
Le confinement ne fera pas sentir ses effets avant le 15 avril en Alsace
L'Agence régionale de santé travaille actuellement à une modélisation des effets du confinement en vigueur depuis le 17 mars 2020. Son directeur explique : "nous essayons d'appréhender l'impact des décisions de confinement. C'est très différent selon les situations de départ. Dans les Ardennes, où l'épidémie est peu développée, l'épidémie sera rapidement ralentie ou sous contrôle. A l'opposé, dans le Haut-Rhin, où l'épidémie s'est plus largement diffusée, l'impact du confinement sera fort mais différé." Et le directeur d'ajouter : "ce n'est pas avant quelques semaines [entre le 15 et le 25 avril], qu'on verra l'impact de ces mesures sur le système de santé." Les appels au Samu semblent en baisse, ce qui en fait un indicateur rassurant, mais il est top tôt pour en tirer des conclusions.Nous paierons notre dette
-Christophe Lannelongue, directeur de l'ARS Grand Est
Dans ce contexte, la solidarité nationale et internationale continue de jouer. Et suscite la reconnaissance du directeur de l'ARS Grand Est : "dans les 15 jours qui viennent, une partie de nos patients en réanimation seront accueillis ailleurs en France et à l'étranger. La semaine dernière, 100 de nos patients ont été pris en charge en Allemagne, en Suisse, au Luxembourg, et dans l’ouest de la France. Si cela n'avait pas été le cas, on n'aurait pas pu prendre en charge les autres personnes en réanimation. [...] On sait que la crise va évoluer en Allemagne, dans les régions de l’ouest de la France. [Dans ces zones], on peut imaginer qu'il y aura une augmentation des besoins en réanimation [...] et notre pari, c’est qu’on peut transférer des malades le temps qu’il y a des capacités là-bas... Mais notre engagement est solennel : nous paierons notre dette et nous essayerons après leur avoir envoyé des patients (stabilisés), de les aider début mai en offrant nos propres capacités de réanimation."
Prise en charge et transfert des patients : "on va y arriver"
Le directeur de l'ARS garde espoir : "Je suis admiratif du travail fait. On en est à notre 6e vol Orphée ce matin. On a appris en quelques jours à réaliser ces transferts dans les meilleures coditions. La crise nous demande tous les jours flexibilité et adaptation. Qui aurait dit il y a trois semaines qu’on pouvait nettement plus que doubler nos lits de réa ou que les Allemands accueillerait 100 de nos patients ? Je pense qu'on va y arriver !"De nouvelles mesures pour les EHPAD
Le directeur de l'ARS annonce de nouvelles mesures pour prendre en charge les personnes âgées dans les EHPAD : "depuis hier soir, les infirmières libérales peuvent intervenir [dans ces établissements, ndlr]. Dès demain, une plateforme sera mise en place pour permettre à des EHPAD en difficulté de faire appel à des personnes volontaires." Un travail qui sera fait en partenariat avec les conseils départementaux. "A partir de lundi prochain, le nombre de masques pour les personnes qui travaillent dans les EPHAD sera renforcé. Et dans les heures à venir, il y aura un décret pour autoriser la mise en place de tests sérologiques dans les EHPAD dans la région. Notre souhait c’est de mettre en place les tests en priorité dans les EHPAD (une discussion est en cours pour tester le dispositif à Nancy puis en Meurthe-et-Moelle) pour avoir une idée des résidents immunisés pour stratégie de regroupements/isolements des malades".Capacités en hausse
Le nombre de respirateurs (ventilateurs) nécessaires à la prise en charge des patients en détresse respiratoire, augmente dans le Grand Est. "On est en train de mettre en place 50 respirateurs dans la région, dont 20 à Strasbourg, 10 à Mulhouse et 5 à Sélestat, et ce pour les 100 places disponibles actuellement en réanimation, ce qui nous donne deux jours d’avance sur la situation" détaille Christophe Lannelongue.Selon l'Agence régionale de Santé du Grand Est, au 30 mars, 3.950 personnes sont hospitalisées pour Covid 19 dans le Grand Est, dont 844 en réanimation. 1.487 personnes sont sorties d’hospitalisation, leur état de santé ayant été considéré comme rassurant.Depuis le début de l’épidémie, le nombre total de décès de patients déclarés par les établissements sanitaires du Grand Est s’élève à 919 en prenant en compte les personnes confirmées virologiquement positives ainsi que les personnes non testées mais dont le décès est rapporté à une infection par Coronavirus.
Au 29 mars, la région Grand Est comptait 1.150 lits de réanimation, soit un triplement des capacités initiales afin de prendre en charge les patients Covid nécessitant une assistance respiratoire.