Les voies navigables de France (VNF) alertent sur les dangers de la baignade sauvage. Une pratique prisée par les jeunes notamment en été mais qui peut s’avérer mortelle. En dehors des zones aménagées, sous l’eau, les risques sont nombreux.
Chaque été, on sait combien le mercure peut grimper haut. Les points d’eau y sont donc une promesse de fraîcheur – qui plus est gratuite – prisée par les jeunes notamment, qui n’hésitent pas à se jeter dans le grand bain sans parfois mesurer le danger.
En Alsace, ces oasis sont nombreuses, sans compter les lacs, étangs et gravières. Le bassin rhénan représente à lui seul 490 kilomètres de voies d’eau. Des rivières, des canaux et une portion du Rhin dans lesquels la baignade est strictement prohibée. Une interdiction liée à la dangerosité d’une telle pratique que tiennent à rappeler les Voies navigables de France (VNF) à l’approche de l’été.
Selon l'enquête nationale "Noyades" menée par Santé Publique France en 2021, avec 1000 décès enregistrés chaque année en France, la noyade (tous lieux confondus) est la première cause de mortalité accidentelle chez les moins de 25 ans. Si l’on se concentre sur les noyades survenant sur le réseau fluvial, les jeunes de 12 à 25 ans sont les principaux concernés. L’association constate également que 40% des noyades interviennent dans les cours d’eau et plans d’eau (hors piscine ou mer).
1000 décès par an liés à la noyade
Dans le Bas-Rhin, les pompiers réalisent une cinquantaine d'interventions par an pour noyades. "Évidemment ce risque est plus présent en été, pendant les vacances scolaires, quand il fait chaud, observe le capitaine Matthieu Colobert, du service d'incendie et de secours du Bas-Rhin (SDIS 67). Le plus gros de ces interventions se déroule à proximité des gravières. "Le plus grand danger, ce sont les gens qui ne savent pas nager, ou qui pensent savoir nager et qui surestiment leur capacité", observe-t-il.
Pratique particulièrement périlleuse : sauter depuis les ponts, un défi qu’adorent se lancer les jeunes. Une prise de risque énorme, rappelle les VNF, même depuis une faible hauteur. Sous les ponts peuvent en effet se trouver des blocs de béton, des pieux métalliques ou encore des amoncellements de roches invisibles depuis la surface, sur lesquels les plongeurs peuvent se cogner et se blesser.
Risques de courants et d'aspiration dans le fond
Risque accru également autour des écluses ou des barrages : les manœuvres d’embarcations y sont fréquentes, générant de forts courants qui peuvent prendre au piège les nageurs. Dans les gravières et carrières récentes ou abandonnées, malgré le calme apparent, des effondrements dans le fond peuvent aussi s'avérer fatals en créant des tourbillons qui aspirent les nageurs.
Un choc thermique peut provoquer un rétrécissement soudain des vaisseaux sanguins et entraîner une syncope.
Capitaine Matthieu Colobert, SIS 67
S’ajoute à cela le risque d’hydrocution provoqué par les importantes variations de température entre l’air et l’eau, pouvant entraîner malaise ou évanouissement. "Un choc thermique peut entraîner un rétrécissement soudain des vaisseaux sanguins, et ainsi entraîner une syncope, une tétanie des membres et de la respiration", met en garde le capitaine des pompiers Matthieu Colobert.
De l’importance donc de marquer les esprits. Pour cela, les VNF ont repris les codes des jeunes : campagne d’affiches choc qui reprennent le lettrage des films d’horreur et matraquage sur les réseaux sociaux à travers le hashtag « #coulepastonété ».
D’autant que les endroits où se baigner en toute sécurité ne manquent pas en Alsace. Nombreux sont les piscines et les plans d’eau comme les gravières, avec espace baignade surveillé. Les VNF ont également établi une carte qui recense les sites de baignade autorisés au cœur de paysages naturels. On en compte plus d’une vingtaine répartie à travers toute l’Alsace. Cliquer ici pour accéder à la carte.
En cas de doute, le public peut également se renseigner auprès des mairies ou des offices de tourisme pour connaître les lieux aménagés et autorisés à la baignade.
Et même dans ces endroits surveillés, le danger rôde. En juin 2022, comme nous le relations dans cet article, une jeune femme de 20 ans est morte après s'être noyée dans le lac Achard d'Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin). Alors qu'elle ne savait pas nager, elle marchait dans l'eau avec deux amies à l'écart de la zone surveillée par les maîtres-nageurs. Un endroit où le sol s'affaissait très rapidement et très profondément. La jeune étudiante n'a été retrouvée qu'après une heure et demie de recherches par les pompiers et n'a pas pu être sauvée.