Covid-19 : pourquoi les biologistes boycottent le fichier national des tests et menacent de faire grève

Le budget de la Sécu fait bondir les laboratoires médicaux. Un "effort" de 250 millions d'euros leur est demandé par le gouvernement. Formellement opposés, les labos boycottent la base de données nationale qui recense les cas de Covid-19, et menacent de faire grève.

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Depuis fin septembre 2022, un bras de fer oppose le gouvernement aux biologistes médicaux. Dans le projet de loi de finance de la sécurité sociale (PLFSS), il est demandé aux laboratoires une ponction pérenne de 250 millions d'euros. Les professionnels sont vent debout, et compte faire grève si des discussions ne sont pas entamées.

Lionel Barrand est le président du syndicat national "Les biologistes médicaux - Les Biomed". Basé à Strasbourg, il explique à France 3 Alsace les raisons de la colère de sa profession.

Qu'est-ce que vous reprochez au gouvernement ?

"On lui reproche de ne pas tenir ses engagements. Pendant la crise du Covid, on s'est investi massivement pour répondre aux injonctions du gouvernement. C'est lui qui a décidé des tarifs des tests, et de toute la politique de tests en général. On a mouillé la chemise, on a dû faire face à des agressions verbales et physiques en labo, avec des horaires à rallonge. Nous avons dû faire des investissements très importants et à l'aveugle, sans connaître les retours sur investissements.

A l'époque, on nous disait 'Vous faites ce qu'on vous demande, et derrière vous ne serez pas pénalisés sur votre enveloppe de routine'. Aujourd'hui, ils nous demande 250 millions d'économie par an."

Pourquoi ne voulez-vous pas réduire ce budget ?

"Car le gouvernement mélange deux choses : notre activité de routine, et celle liée au Covid. Nous, on est d'accord pour payer cette somme, et même pourquoi pas plus. Mais sous la forme d'une taxe-Covid, en une seule fois. À situation exceptionnelle, taxe exceptionnelle. Par contre, il ne faut pas que cela affecte le fonctionnement normal des labos."

Quelles pourraient-être les conséquences d'une baisse du budget des laboratoires ?

"Tout simplement des fermetures, et des pertes d'emploi. Des laboratoires de proximité pourront fermer, et tout le monde a à y perdre. On ne veut pas de quelque chose qui va grever nos activités.

Pour ne pas avoir tout le monde aux urgences, il faut de la biologie. Si on ne peut plus rendre ce service de proximité, dans des zones rurales, qui permet de 'trier' en amont les patients entre ceux qui doivent réellement aller aux urgences et les autres, toutes les personnes qui auront une petite douleur au ventre ou à la gorge vont se retrouver aux urgences. Le ministre de la Santé veut les désengorger, et ce n'est pas comme ça qu'il va y arriver."

Pour protester, votre profession a cessé de transmettre les résultats des tests au fichier national Si-DEP. Le ministre de la Santé François Braun juge que vous prenez les Français "en otage", que répondez-vous ?

"On répond que pas du tout, car on continue à faire nos tests, et qu'on envoie les résultats aux patients dans les temps! Il faut aussi savoir qu'en boycottant le fichier national, on continue les PCR gratuitement, donc on fait preuve de bonne volonté. On veut montrer que nous sommes importants. Si le Si-DEP est interrompu quelques jours, on pourra reprendre les choses. On veut simplement que le gouvernement comprenne que les labos sont essentiels au maillage."

La prochaine étape, c'est la grève ? 

"Complètement. Et nous sommes très déterminés. Ce ne sera pas qu'une grève des tests. On fermera nos labos. Tous les syndicats sont unis, ce qui est rare. On ne veut pas aller jusqu'à la grève, mais le gouvernement ne nous répond pas quand on demande à négocier. On envisage un début de mouvement à la mi-novembre."

Le 26 octobre, le gouvernement a déclenché le 49.3 pour faire passer l'ensemble du budget 2023 de la Sécurité sociale à l'Assemblée nationale.

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