C'est une bonne nouvelle: le grand hamster, espèce protégée, se porte mieux. Après comptage, l'office français pour la biodiversité a dénombré plus d'individus cette année qu'en 2023 en Alsace. Depuis 10 ans, grâce aux efforts déployés pour sauver l'espèce, le nombre de terriers a presque triplé.
Des terriers d'un mètre trente de profondeur dans un champ de blé. À Bischoffsheim, dans le Bas-Rhin, les agents de l'office français de la biodiversité en comptent davantage cette année: 1 155 habitats de grand hamster recensés ce printemps en Alsace, soit 300 de plus que l'an dernier. Un beau score pour cette espèce protégée, car si le nombre de terriers recensés ne correspond pas directement au nombre de hamsters, il constitue un excellent indice du maintien et du développement de ce mammifère.
Ces bons résultats s'expliquent par la diversification des cultures et de l'alimentation du rongeur : tournesol, luzerne, céréales. Mais aussi et surtout par une couverture végétale que des agriculteurs acceptent de laisser sur leurs parcelles : ils sont 240 aujourd'hui, engagés pour la protection du grand hamster, qui, en France, ne vit qu'en Alsace.
"Ici, sur cette parcelle de Bischoffsheim, il y avait une dizaine de terriers au printemps, explique Julien Eidenschenck, chef du plan national d'action hamster à l'Office français de la biodiversité. L'agriculteur a accepté de laisser la moitié du champ en non-récolte, ce qui permettra à l'animal de mieux survivre et d'avoir des réserves lors de l'hibernation. Ce qu'il lui faut, en fait, c'est une alimentation diversifiée, car le grand hamster est très sensible aux carences alimentaires. Ces bans de culture préservés sont très utiles en période de reproduction du mammifère, pendant les mois de juin et juillet."
"Les choses se sont considérablement améliorées"
Toutes ces cultures sont organisées en concertation avec les agriculteurs. Cela permet à l'Office de la biodiversité de localiser les terriers. Et de faire en sorte qu'ils puissent se maintenir. "Car le grand hamster reste très fragile, c'est une population qui reste menacée, poursuit Julien Eidenschenck. La poursuite du programme de protection est absolument nécessaire. Mais c'est vrai que depuis sept ou huit ans, les choses se sont considérablement améliorées. Les 240 agriculteurs de la région investis dans le projet sont motivés."
Exemple à Obernai, où se trouve la dernière population sauvage d'Alsace. Les parcelles où l'on note la présence du grand hamster sont en hausse, ainsi que le nombre de terriers. De quoi encourager la trentaine d'agriculteurs qui ont rejoint le programme de préservation de l'animal sur la commune ainsi que les municipalités environnantes, engagées en faveur de la protection de l'espèce.
Aujourd'hui, il existe trois zones majeures de protection du grand hamster en Alsace. Une zone entre Obernai et Geispolsheim, une autre plus au nord entre Ernolsheim-sur-Bruche et Truchtersheim, et enfin une zone plus au sud vers Marckolsheim. Ces trois zones ne sont pas connectées entre elles car il y a des milieux moins favorables à l'animal entre ces trois endroits. Reste que ces trois secteurs font l'objet d'attentions constantes pour protéger la population. Présent actuellement sur 4 000 hectares en Alsace, le grand hamster pourrait gagner jusqu'à 2 000 hectares ces prochaines années si les mesures se poursuivent.