Dettwiller, une histoire de la chaussure

Rund Um. Durant plus de trente ans, le fabricant Adidas a fait travailler des centaines d'ouvriers à Dettwiller, commune riche d'un passé prospère dans la confection de chaussures. Le Musée du Patrimoine et de la Chaussure raconte cette histoire. 

Beaucoup l'ont oublié, mais les destins de Dettwiller et de l'entreprise Adidas ont été liés durant trois décennies. La marque aux trois bandes s'y est installée au début des années 1960. A l'époque, le cordonnier allemand Adolf Dassler - connu sous le diminutif "Adi Dassler", à l'origine du nom de la marque - profite de la main-d'oeuvre qualifiée sur place. Il acquiert plusieurs usines dans la commune, ainsi qu'à La Walck, avant d'installer le siège français du groupe à Landersheim.

Jusque dans les années 1990 - et les délocalisations suivant les années Bernard Tapie - à Dettwiller, plus de 500 personnes confectionnent des chaussures de sport pour Adidas. Des modèles emblématiques, encore très courus aujourd'hui, sortent des ateliers, comme la Stan Smith, nommée d'après le célèbre tennisman américain. Werner Alwin, ancien membre du bureau technique, se souvient : "A l'époque, les tennis étaient en toile. Adi Dassler voulait sortir une chaussure de sport en cuir, mais sans bandes sur les côtés. Alors, j'ai eu l'idée de les remplacer par trois séries de petits trous d'aération". En 1964, le modèle porte d'abord le nom d'un autre joueur, Robert Haillet, avant de prendre celui que l'on connaît aujourd'hui.

Un musée dans une ancienne usine

Une histoire parmi tant d'autres, racontée par les bénévoles du Club Patrimoine, en charge du musée installé dans une ancienne usine Adidas, dont le nom est resté inscrit sur la façade. Parmi eux, d'anciens ouvriers à la chaîne, ou responsables de maintenance, s'occupent de l'entretien des machines, récupérées au fil des années. Pour beaucoup, celles-ci fonctionnent encore. Henri Juchs, ancien salarié et guide occasionnel à travers le musée, prend plaisir à réaliser une couture en zig zag devant nous, sur une ancienne machine à coudre. Il est intarissable quant aux dizaines d'engins exposés : "Pour faire une chaussure, il fallait 120 à 180 opérations, selon le modèle! Il existait une machine pour chacune d'entre elles, pour la découpe, la couture, la fixation des semelles..."

Bernard Storck, autre bénévole, poursuit fièrement : "Rien que dans ce bâtiment, on fabriquait 2500 paires de chaussures par jour, et très peu d'entre elles finissaient en second choix. C'est dire la qualification du personnel à l'époque!" Il faut dire que la confection de chaussures était une véritable tradition à Dettwiller. "Avant l'arrivée d'Adidas, il y avait 20 fabricants de chaussures dans la commune", rappelle Rémy Phillipps, président du Club Patrimoine. "Nous essayons de le raconter aussi dans notre exposition permanente". 

La fabrication de chaussures, une tradition locale

En effet, des chaussures d'ouvriers cloutées, des bottes de neige en peau de phoque ou encore de petits souliers d'enfants, posées sur les étagères, rappellent ce passé remontant au 19ème siècle. Au fond du grand bâtiment de près de 300 mètres carrés, des radios anciennes et des machines agricoles témoignent elles aussi de l'ancien temps. Le musée ouvre au public chaque année, sur réservation, dès le printemps, le bâtiment, haut de plafond, étant difficile à chauffer. Des travaux de rénovation de la toiture, subventionnés par la commune, devraient avoir lieu dans les prochains mois.

 

 

 

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