Dans l'affaire du double meurtre de Lingolsheim, le verdict est tombé: Mohamed El Amri est condamné à trente années de réclusion, dont vingt ans de sûreté. Le jury a donc suivi le réquisitoire de l'avocate générale. Le condamné a dix jours pour faire appel.
Schizophrène, Mohamed El Amri, 34 ans, était accusé d'avoir tué sa compagne de 32 ans, Johanna Barth, à l'arme blanche et leur bébé de deux mois, Ilyes. Il avait ensuite planté un couteau dans le visage d'un des policiers, venus l'interpeller à son domicile de Lingolsheim. Son beau-fils, un jeune homme de 14 ans, avait réussi, quant à lui, échapper à son beau-père qui avait tenté de l'étrangler. Les faits remontent au 15 février 2015.
L'avocate générale Valérie Iltis avait requis ce jeudi matin trente ans de réclusion criminelle contre Mohamed El Amri, assorti d'une peine de sûreté de vingt ans, la peine la plus lourde en droit pénal. Pendant près d'une heure, l'avocate générale avait admis que le discernement de l'accusé pouvait être altéré mais "qu'il avait conservé sa part de libre arbitre" au moment des faits. Selon elle, "il voulait tuer, il avait plusieurs armes à sa portée".
De son côté, l'avocat de la défense, Jean-Jacques Gsell, s'était montré gêné aux entournures, s'excusant presque auprès des familles. Se référant aux débats d'experts de mercredi qui ne convergeaient pas tous, il estimait qu'il y avait de la place pour le doute et que le doute doit profiter à l'accusé. Selon lui, "Mohmed El Amri n'avait rien à faire dans une cour d'assises", il aurait dû plutôt être dans un service de psychiatrie. Il souhaitait que la cour se déclare incompétente pour traiter le dossier.
En condamnant Mohamed El Amri à 30 ans de prison, dont 20 ans ferme, le jury a donc suivi le réquisitoire de l'avocate générale et n'a pas retenu la schizophrénie comme circonstances atténuantes. Mohamed El Amri a désormais dix jours pour faire appel.