Pour poser deux petits panneaux photovoltaïques sur son balcon, pas besoin d'autorisation et une association propose même de recycler d'anciens panneaux et de les retaper soi-même à très peu de frais. Ou comment s'essayer aux énergies renouvelables sans jardin et sans gros budget.
Des panneaux solaires neufs ou d'occasion, un onduleur, une prise électrique spéciale, et quelques heures de bricolage. Voilà comment très facilement et à moindre coût, un particulier peut fabriquer ses propres panneaux photovoltaïques et les fixer sur son balcon.
Branchés sur une prise électrique, et le compteur repart dans l'autre sens : en journée, la production d'électricité permet d'alimenter le routeur wifi ou le frigo. Un petit pas vers l'autonomie énergétique.
Sebastian Müller est électricien à Fribourg-en-Brisgau et il propose depuis plusieurs années des ateliers (à Fribourg ou en ligne, en allemand uniquement) pour fabriquer soi-même ses panneaux solaires de balcon. Il donne des conseils techniques et pratiques, pour se fournir à moindre coût. Parce que les prix de toutes les pièces détachées ont beaucoup augmenté et les délais pour se fournir ont été rallongés.
Ce jour-là, Sebastian Müller a rendez-vous avec Brice Lang, jeune étudiant-ingénieur français qui habite depuis quelques mois à Fribourg. Il a apporté deux vieux panneaux solaires, utilisés pendant plus de 20 ans sur un toit et revendus quelques dizaines d'euros. "Il faut savoir qu'ils sont en moyenne à 80% de leur capacité d'origine", précise l'électricien.
"En une après-midi, c'est fait !"
"On va ouvrir ce boitier pour remplacer les vieux câbles électriques par des nouveaux", explique Sebastian Müller à Brice, dans une petite rue peu passante du centre de Fribourg. "On y branche un onduleur, puis une prise spéciale, rendue obligatoire par la ville de Fribourg. Après il faut visser les deux crochets métalliques. Et c'est fini. Tu peux accrocher ces panneaux à ton balcon, et brancher la prise."
Brice Lang est ravi. "Je suis un peu bricoleur, donc je me rends compte que c'est très simple. Et ça permet de participer à cet effort vers les énergies renouvelables, ça me plaît bien !"
Ces ateliers ont lieu toutes les semaines, les vieux panneaux sont achetés 10 ou 20 euros, parfois ils sont gratuits. Mais 300 personnes sont sur une liste d'attente, l'électricien ne peut pas être partout. D'autres ateliers ont lieu un peu partout en Allemagne. "Et comme la législation va être modifiée, le renouvellement des panneaux solaires va être de plus en plus facile à faire, c'est une bonne nouvelle pour les particuliers", explique Sebastian Müller.
Achat groupé
Dans le quartier Vauban, Ingbert Groll est bien connu de ses voisins. L'écologiste convaincu a déménagé ici il y a un an, et il a tout de suite réinstallé les panneaux qu'il avait déjà dans son logement précédant. Très vite, ses voisins l'ont contacté pour l'imiter.
"Ils m’ont tous dit 'nous en voulons aussi', alors c’est moi qui ai tout organisé : j’ai fait une commande groupée pour les modules, les crochets, les onduleurs et toutes les petites pièces, j’ai perdu pas mal de temps parce que la demande a fortement augmenté, et du coup les pièces étaient difficiles à trouver", explique cet habitant.
"Je fais ça d’abord par idéalisme, et ensuite pour faire ça moi-même, pour être actif dans la transition énergétique et la défense du climat, et bien sûr aussi pour économiser l’énergie."
Chacun a déboursé 1.000 euros au total, pour des panneaux photovoltaïques neufs et toutes les pièces détachées. Et leur production leur permet d’économiser la consommation d’un frigo chaque jour.
Les locataires en première ligne
Ce qui plaît aussi à Sebastian Müller, c'est d'aider les locataires en appartement à s'équiper à moindre frais. "La transition énergétique n'est pas réservé aux entreprises ou aux particuliers propriétaires d'une maison. C'est l'affaire de tous, et ça doit être accessible à tous."
En Allemagne, toute personne qui a un balcon, propriétaire ou locataire, peut installer des panneaux solaires sans autorisation, tant que la puissance n'excède pas 600 watts. En France, les particuliers peuvent installer sans autorisation des modules jusqu’à 3.000 watts (mais ils ne doivent pas être à plus de 1,80 m de hauteur, ce qui exclue les balcons des immeubles).
La ville de Fribourg encourage tout de même les utilisateurs de ces panneaux à se signaler en mairie. Une aide de 200 euros est allouée, elle couvre l'achat de la prise spéciale exigée par la ville de Forêt-Noire. Et elle permet aux fournisseurs d'électricité de savoir combien de foyers sont équipés. La production individuelle de courant est un facteur à prendre en compte pour une meilleure anticipation des pics de consommation.
La ville de Fribourg est très contente de ce développement. "La demande de subvention pour les modules de balcon ne cesse d’augmenter", explique Iris Basche, responsable du département de protection de l'environnement. "Ça a commencé en 2019, nous avons d’année en année plus de demandes, et particulièrement en 2022."