Il était 19h55, mardi 11 décembre, quand Cherif Chekatt s'est mis à tirer au hasard sur les passants dans l'hyper-centre de Strasbourg. Il a tué deux personnes et blessés 13 autres passants dont 8 grièvement, une autre est déclarée en mort cérébrale. En fuite, il est toujours activement recherché.
Les chalets du marché de Noël fermaient leurs portes quand un homme, Cherif Chekatt, s'est mis à tirer, au hasard, sur les passants dans les rues autour de la cathédrale de Strasbourg. De source policière, il a ouvert le feu rue des Archives. Un périple meurtrier durant lequel il tuera trois personnes dont un Thaïlandais de 45 ans (rue des Moulins, quartier de la petite France), un Strasbourgeois de 61 ans (rue des Chandelles, près de la place Kléber) et un autre Strasbourgeois, Kamal Naghchband, strasbourgeois d'origine afghane, garagiste à la Meinau, décédé le 13 décembre.
Un troisième homme, un journaliste italien, serait dans le coma et non en état de mort cérébrale.Très rapidement, tout le centre a été bouclé à la recherche de l'assaillant et vers 22 heures la préfecture du Bas-Rhin a annoncé avoir identifié l'auteur des faits grâce aux vidéos des caméras de surveillance de la ville.
Il s'agit de Cherif Chekatt un Strasbourgeois de 29 ans résidant rue Tite-Live du sein de la cité du Hohberg dans le quartier de Koenigshoffen. Blessé par un militaire de l'opération Sentinelle il a réussi à prendre la fuite aux abords de la cathédrale puis a pris en otage un chauffeur taxi durant quelques instants avant de s'enfuir à pied près du commissariat de Strasbourg. Là, il ouvrira à nouveau le feu et après avoir échangé des tirs avec les policiers, il reprend la fuite. C'est à 21h que les forces de l'ordre perdent sa trace alors qu'il se dirige vers le quartier du Neudorf.
Dans le cadre du plan "Urgence attentat" le contrôle aux frontières a été rétabli dès 20h45. La police régionale et fédérale allemande vérifie tous les véhicules sur le pont de l'Europe à Gambsheim et dans le Haut-Rhin. Les trams de la ligne D sont fouillés et la ville kehloise a mis en place un service d'urgence pour les citoyens ( 07851 88-3333).
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, arrivé sur place dans la soirée de mardi, le présente comme "très défavorablement connu des services de police". Cherif Chekatt est fiché S depuis 2016 (pour sûreté de l'Etat) par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour des motifs de radicalisation mais il est surtout connu pour des faits de droit commun (27 condamnations selon le procureur de la République) en France mais aussi en Allemagne où il a déjà été condamné mi-2016 à de deux ans et trois mois de prison par le tribunal de Singen pour divers cambriolages aggravés. Des cambriolages effectués dans une pharmacie à Engen en 2016 et dans un cabinet dentaire à Mayence en 2012.
Libéré en 2017, il a été expulsé en France où son casier judiciaire est "assez important" selon le secrétaire d'Etat auprès du ministère de l'Intérieur, Laurent Nuñez qui précise toutefois que même si une radicalisation de sa pratique religieuse avait été remarquée en prison il n'était pas "connu pour des délits liés au terrorisme". Le secrétaire d'État a aussi appelé à la prudence quant à la motivation terroriste, pour l'heure "pas encore établie" même si la section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie de l'enquête pour "assassinats et tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste". En prison, l'homme "incitait à la pratique de la religion sous une forme radicale, mais rien ne permettait de détecter un passage à l'acte dans sa vie courante, a-t-il ajouté.
Sur son parcours carcéral, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a précisé, sur Public Sénat mercredi, qu'il avait "effectué en France deux peines de prison de deux ans chacune, qu'il avait purgées". Il est sorti de prison. Et son parcours ne s'arrête pas là. Le procureur de la République a annoncé que Cherif Chekatt a également été emprisonné à Zurich en 2012 pour atteinte à la propriété et effraction ainsi qu'à Bâle en 2013 pour vol avec effraction, violences et menaces sur les représentants des forces publiques. Il y serait à nouveau soupçonné dans des délits similaires.
Mardi matin, son domicile, dans le quartier des Poteries, a été perquisitionné dans le cadre d'une "tentative d'homicide" comme l'a indiqué la brigade de recherches de Strasbourg. L'affaire de vol à main armée datait du mois d'août où Cherif Chekat s'est rendu chez un homme avec trois complices pour le blesser au couteau. Lundi matin, Cherif Chekatt n'était pas chez lui, une arme de poing et une grenade ont notamment été retrouvées. Au lendemain de la fusillade, 720 membres des forces de l'ordre sont mobilisés pour le retrouver. Il serait en fuite avec l'un de ses frères.
Le procureur de Paris vient d'annoncer la garde à vue de"quatre proches"de l'assaillant.#Strasbourg
— Police Nationale 67 (@PoliceNat67) 12 décembre 2018
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