Le groupe Holtzinger est en charge du déboisement dans la forêt de Kolbsheim, site défendu par les anti-GCO et dont ils ont été délogés il y a une semaine. Vivement attaqué sur les réseaux sociaux, le patron se défend : "On s'attendait à de l'opposition mais pas à un tel déversement de haine".
Tout commence par un post Facebook du groupe Holtzinger le 2 septembre dernier. Ce jour-là, l’entreprise partage la publication de La Haguenauvienne annonçant la présence d’une pelleteuse peinte en rose au moment de la course contre le cancer du sein, le vendredi 28 septembre.
Quelques jours plus tard, la ZAD de Kolbsheim est démantelée, les opérations de déboisement démarrent et les internautes se mettent à réagir à ce post : « Je me vois pas dans un de ces engins de la mort… à me dire « je suis en train de défoncer le vivant et la terre de mes enfants et bien plus. » Ou encore « Partout où vous passez, ce n’est que désolation et mort »… « Couper des arbres… Qu’est-ce qu’il faut être ignorant pour faire ça »…
« On sait qu’en coupant des arbres, on ne fait pas l’unanimité, mais ce qui nous touche, c’est l’attaque directe sur ce projet de la pelle rose » explique Sven Holtzinger, le dirigeant du groupe, que nous avons joint par téléphone. « Ce projet de pelle rose, c’est pour mon père, qui est gravement malade poursuit-il. Je n’avais pas d’arrière-pensée. » Car si certains commentaires saluent l’engagement « pour des causes nobles », d’autres s’indignent : « Ils feraient mieux de s’engager contre le GCO », « Vous êtes le cancer de la nature ».
Comme chaque fois qu’il est question du GCO, les internautes argumentent, s’interpellent, s’invectivent. Au point de susciter une réponse de l’entreprise basée à Phalsbourg (Moselle).
La réponse du groupe Holtzinger
Un peu plus d’une semaine après ces messages, des collaborateurs se sont réunis pour rédiger une réponse à ces commentaires. « Sachez qu’être contre un projet est une chose. Vouloir la chute d’une entreprise qui fait vivre des salariés en lui faisant de manière injustifiée une mauvaise réputation et souhaiter que ses dirigeants « brûlent en enfer » en est une autre » commence l’article.« On ne veut pas polémiquer sur le GCO, poursuit Sven Holtzinger. Mais ces messages nous touchent directement, moi, ma famille, et tous les collaborateurs ». 130 personnes travaillent pour le groupe.
Certains sont affectés au déboisement à Kolbsheim. « Vous savez, être escortés par les gendarmes mobiles pour aller travailler, mes employés n’ont pas l’habitude. Ni que des gens se couchent parterre [pour empêcher les opérations ndlr] ». Ma secrétaire est harcelée au téléphone, et par mail. »
Avalanche de commentaires
Le texte publié par le groupe Holtzinger a abondamment fait réagir lui aussi : 650 partages, 230 commentaires qui vont du soutien à la plus vive critique. L’entreprise Holtzinger intervient fréquemment à Strasbourg, pour nettoyer le bord des routes, les voies ferrées. « On entretient tous le patrimoine arboricole de Strasbourg et on est jugé sur cette seule action » déplore le dirigeant.Quand on lui demande s’il regrette d’avoir accepté ce chantier au vu de ce qu’il a provoqué, après un bref silence il lâche : « Ca m’a traversé l’esprit. Mais si ça n’avait pas été nous, quelqu’un d’autre l’aurait fait à notre place. Est-ce que ça aurait été mieux si ça avait été une entreprise de l’autre bout de la France ou une entreprise étrangère ? »
Avant de rappeler que l’histoire se répète : « Il y a 25 ans, pour permettre l’arrivée du tram à Strasbourg, il a fallu abattre les arbres de la place Kléber. C’était l’époque de mon père et des manifestants s’étaient enchaînés aux arbres. Aujourd’hui, quel Strasbourgeois peut dire qu’il n’a jamais pris le tram à Strasbourg ? »Il y a 25 ans, les gens s'enchaînaient aux arbres à abattre la place Kléber
Sven Holtzinger nous précise qu'il tient à remercier tous les internautes qui ont eu des commentaires de soutien. Tandis que le texte se termine par ces mots : « Nous vous demandons donc, non pas de cesser votre combat sur lequel nous n’entendons pas nous prononcer, mais d’adopter une attitude respectueuse de ceux qui ne font que leur travail ».