"Incohérent", "dommage" : beaucoup de réactions après l’annonce de l’Etat de vouloir limiter le financement du permis moto par le compte personnel de formation

Financer son permis moto grâce à son compte personnel de formation ne devrait bientôt plus être possible pour tous les salariés. Face au succès de la mesure entrée en vigueur en janvier dernier, l’Etat voudrait instaurer des restrictions.

Les motards n’ont décidément pas le moral. Après l’entrée en vigueur du contrôle technique des deux-roues ce lundi 15 avril, voilà que le gouvernement envisage de faire marche arrière concernant le financement du permis moto par le CPF, compte personnel de formation. Un nouveau clou dans le pneu pour la fédération des motards en colère du Bas-Rhin. "C’est dommage. Dès qu’une mesure a du succès, on arrête", réagit son président, Michel Esselin.

Le succès. C’est justement cela qui motive le ministère du Travail à donner un coup de frein et à préparer un décret interdisant de financer son permis grâce au CPF si l’on dispose déjà d'un permis voiture. Une mesure autorisée depuis le 1er janvier dernier, qui aurait en quelques mois suscité un boom des inscriptions dans les écoles de conduites. Le CPF étant en partie financé par l’Etat, la note pourrait être, au bout du compte, très, voire trop salée.

"On remarque dans nos manifestations et nos mobilisations qu’on a de plus en plus de jeunes permis", confirme Michel Esselin. "C’est tant mieux. Nous, on se bat pour qu’il y ait plus de motos. Parce qu’elles polluent moins que les diesels, parce qu’elles fluidifient le trafic et parce qu’elles ne dégradent pas les routes". Or,"il y a l’instauration du contrôle technique, on est aussi attaqués dans les Vosges car on ne veut plus voir de motos et de moteurs thermiques… Les motards rassemblent toutes les attaques".

"C’est incohérent. On donne quelque chose pour le reprendre après".

Philippe Klein, représentant du syndicat Mobilians pour le Bas-Rhin

L’organisation professionnelle d'exploitants d'auto-écoles, Mobilians, ronge son frein également. "C’est incohérent. On donne quelque chose pour le reprendre après", s’agace Philippe Klein, son représentant dans le Bas-Rhin.

"Ce qui a surpris, c’est que beaucoup de personnes soient venues en même temps. C'est pourtant logique. Ça faisait un an et demi qu’on parlait de ce dispositif. Tous les motards ont attendu jusqu’à temps que ça entre en vigueur. Donc forcément on retrouve maintenant la clientèle qu’on aurait dû avoir en 2023 voire en 2022. Mais il faut juste se laisser le temps d’absorber le flux et ça va se tasser".

Pour d’autres structures en revanche, il est urgent de ralentir. "On n'arrive plus à suivre. On a eu presque 300 inscriptions pour la moto en trois mois. Alors que normalement on fait ça à l’année", souffle le gérant d’une auto-école d’Illkirch-Graffenstaden. "De toute façon il n’y a pas assez d’inspecteurs et d’examens pour suivre. On en est à un point où on doit décaler les inscriptions de permis en CPF vers septembre. On ne peut plus".

300 inscriptions en trois mois

Considéré comme une aide précieuse à l'insertion professionnelle, l’Etat rappelle que pour être pris en charge par le CPF, il faut que le permis en question soit un élément qui permette de conserver son emploi ou s’inscrive dans la réalisation d'un projet professionnel. Une simple attestation sur l’honneur suffirait à faire foi.

"La plupart marque la même chose. Ils font le permis pour une histoire de facilitée pour aller au boulot. En ville, c’est le bazar, on ne peut pas se garer. Je comprends" avance encore le gérant. "C’est pour beaucoup du plaisir, de la promenade, mais ce ne sont pas des motards dans l’âme."

Qu'il soit plébiscité ou non, le dispositif est en tout cas dans le collimateur du ministère du Travail qui aurait prévu d’organiser ce jeudi une réunion avec les partenaires sociaux.

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